Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 2.djvu/308

Cette page a été validée par deux contributeurs.

CHAPITRE IV

galvanoplastie en argent et en or.

Ce n’est pas seulement avec le cuivre que l’on opère des dépôts galvanoplastiques, c’est-à-dire des précipitations, avec épaisseur de métal, constituant des pièces avec reliefs et saillies, et non un simple revêtement, comme pour l’argenture et la dorure. La galvanoplastie en argent et en or doit donc maintenant nous occuper.

Les composés chimiques qui peuvent se prêter à la décomposition par la pile voltaïque, ne sont pas aussi simples pour l’or et l’argent, que pour le cuivre. Il suffit d’une dissolution de sulfate de cuivre pour obtenir des dépôts de cuivre par la pile ; mais pour l’or et l’argent, ces sels simples ne peuvent être employés, car le sulfate d’or n’est pas connu et le sulfate d’argent n’existe pas. Le chlorure d’or et l’azotate d’argent, sels solubles de ces deux métaux, n’ont pas donné de résultat au point de vue de la galvanoplastie. Il faut donc avoir recours à des sels doubles solubles de ces métaux. On fait usage de cyanures d’or et d’argent dissous dans du cyanure de potassium.

M. Roseleur donne les formules suivantes pour composer un bain destiné à la galvanoplastie d’argent :

Eau distillée 
1 litre.
Cyanure de potassium 
200 grammes.
Azotate d’argent fondu 
75 grammes.

Le bain d’or pour la galvanoplastie se compose de :

Eau distillée 
1 litre.
Cyanure de potassium 
150 grammes.
Chlorure d’or sec 
50 grammes[1].

Pour obtenir des dépôts galvanoplastiques d’or ou d’argent, on ne peut pas se servir de l’appareil simple employé pour la galvanoplastie du cuivre ; il faut que la pile soit séparée du bain. On attache donc au pôle négatif, le moule de l’objet que l’on veut reproduire en argent ou en or, et l’on place au pôle positif, un anode, c’est-à-dire une lame d’or, si c’est un bain d’or, d’argent si c’est un bain d’argent. Ces anodes sont destinés à se dissoudre dans le bain, au fur et à mesure du dépôt du métal au pôle négatif.

On ne peut pas placer les vases poreux des piles au sein de la liqueur, comme pour le bain de cuivre, parce que l’acide sulfurique de ces godets décomposerait le bain de cyanure d’argent. On pourrait tout au plus se servir de vases poreux en remplaçant l’acide sulfurique destiné à agir sur le zinc, par du sel marin, ou par une dissolution, plus ou moins concentrée, de cyanure de potassium. Mais ce dernier sel est très-vénéneux, et toutes ces manipulations seraient peu commodes dans un atelier.

On peut obtenir l’or vert en mélangeant dix parties de bain d’or à une partie de bain d’argent, ou bien en faisant fonctionner quelque temps le bain d’or avec un anode d’argent.

En raison de leur alcalinité résultant de la présence d’un cyanure alcalin (cyanure de potassium), on ne peut pas se servir, pour la galvanoplastie d’or ou d’argent, de moules de stéarine. On emploie avec quelque avantage les moules métalliques, mais la gutta-percha est la substance qui convient le mieux pour ces moules. Seulement, le bain de cyanure d’or et de potassium étant moins conducteur de l’électricité que le bain de sulfate de cuivre, il faut apporter plus de soin à la métallisation du moule par la plombagine.

Les bijoux d’or et d’argent massif trouvent moins de débit dans le commerce que les produits en cuivre ou les objets argentés et dorés. C’est pour cela que la galvanoplastie d’argent est peu en usage. Cependant l’usine de MM. Christofle, à Paris, a produit de très beaux ouvrages d’argent galvanoplastique, tels que

  1. Manipulations hydroplastiques, 2e édition, p. 384.