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la vie, en recouvrant, par des procédés simples et peu coûteux, nos ustensiles domestiques, d’une couche protectrice d’un métal inaltérable, comme l’or, le platine ou l’argent.

Tels sont les principaux objets qui forment le domaine de la galvanoplastie et des opérations électro-chimiques. Essayons maintenant d’exposer les recherches qui ont amené la création de cet art nouveau, et de faire connaître les noms des savants auxquels revient le mérite de cette invention.

Le physicien qui observa, le premier, la décomposition des dissolutions métalliques par la pile de Volta, réalisa une découverte d’une importance considérable pour les théories de la chimie. Il mit aux mains de la science une force nouvelle, un agent presque sans limites, pour triompher des résistances que l’affinité oppose à la décomposition des corps, et il eut la gloire de dévoiler, par ce moyen, la nature, longtemps inconnue, d’une foule de composés naturels. Mais celui qui, examinant de plus près le cuivre précipité sous l’influence des forces électriques, reconnut dans ce corps toutes les propriétés ordinaires des métaux obtenus par la fusion : la ténacité, la ductilité, l’homogénéité de structure, en un mot tous les caractères qui distinguent les métaux usuels, ce dernier fit une découverte capitale pour l’avenir de l’industrie. De cette observation, si simple en elle-même, devait résulter, dans un court intervalle, une révolution complète dans l’art de préparer les métaux et de les approprier à leurs divers usages. Grâce à cette découverte, l’art du fondeur de métaux et les travaux du ciseleur allaient être peu à peu remplacés par des procédés empruntés aux laboratoires de la chimie, et toute une classe de produits industriels ou artistiques, qui ne s’exécutent qu’au prix de peines et de soins infinis, dans les usines métallurgiques, devaient s’obtenir un jour par l’intervention lente et silencieuse de l’électricité. Volta, Brugnatelli, Cruikshank, sont les savants à qui l’on doit la découverte de la décomposition des sels par le courant voltaïque, avec réduction du métal. M. Jacobi, professeur à Saint-Pétersbourg, est le physicien qui reconnut la plasticité du cuivre réduit par la pile, et qui fonda sur cette observation l’art de la galvanoplastie. L’histoire de cette découverte doit être racontée avec d’autant plus de soin, qu’elle est présentée dans tous les traités de physique et dans tous les ouvrages de technologie, d’une manière très-inexacte.


CHAPITRE PREMIER

histoire de la découverte de la galvanoplastie. — travaux de brugnatelli. — observations de m. daniell et de m. de la rive. — le physicien russe jacobi découvre la galvanoplastie en 1837. — thomas spencer exécute des reproductions galvanoplastiques en angleterre, par le procédé de m. jacobi et prétend s’attribuer le mérite de cette découverte.

Volta avait à peine accompli, au commencement de notre siècle, la découverte de la pile électrique, qu’il observa une de ses propriétés les plus remarquables, c’est-à-dire la décomposition chimique que cet appareil fait éprouver aux substances soumises à son action. Ce physicien célèbre constata, dès l’année 1800, que la dissolution d’un sel métallique, soumise à l’influence de la pile, se trouve aussitôt réduite en ses éléments, de telle sorte que le métal vient se déposer au pôle négatif. Ce phénomène devint bientôt l’objet d’un nombre considérable d’études et d’expériences théoriques, qui devaient largement agrandir le champ de nos connaissances dans le domaine de l’électricité.

Brugnatelli, élève et collègue de Volta, qui professait la physique à l’Université de Pavie, sa ville natale, s’occupa dès la fin de l’année 1800, d’étudier l’action du courant électrique sur les dissolutions des sels métalliques. En