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Fig. 10. — Le peuple brûle le télégraphe de Chappe, dans le parc de Saint-Fargeau.


que, et Chappe fut admis aux honneurs de la séance[1].

Nous avons dit que Claude Chappe avait établi son télégraphe dans le parc du représentant Saint-Fargeau, à Ménilmontant. Il avait même commencé la construction d’une ligne de plusieurs postes, dont le premier était représenté par la machine élevée dans le parc de Ménilmontant. Sous la protection et dans la demeure d’un député, il pouvait se croire à l’abri de la défiance du peuple. Mais ses prévisions furent trompées.

Un matin, comme il entrait dans le parc, il vit courir à lui le jardinier tout épouvanté, qui lui criait de s’enfuir. Le peuple s’était inquiété du jeu perpétuel de ces signaux. On avait vu là quelque machination suspecte, on avait soupçonné une correspondance secrète avec le roi et les autres prisonniers du Temple, et l’on avait mis le feu à la machine. Le peuple menaçait de jeter aussi les mécaniciens dans les flammes. Chappe se retira consterné.

N’osant plus se présenter à Ménilmontant, il crut devoir mettre ses machines sous la sauvegarde du pouvoir, et il écrivit le 11 septembre 1792, la lettre suivante à l’Assemblée législative :


Messieurs,

« Vous vous rappelez que je me suis présenté devant vous, pour vous faire l’hommage d’une découverte dont l’objet est de rendre, par le secours des signaux, avec une célérité inconnue jusqu’à présent, tout ce qui peut faire le sujet d’une correspondance. Vous en avez renvoyé l’examen à votre Comité d’Instruction publique ; le résultat que je vous avais annoncé n’a point encore été constaté par vos commissaires, parce que je ne voulais pas seulement leur exposer une simple théorie, mais leur mettre des faits sous les yeux. J’ai en conséquence fait con-

  1. Moniteur universel. Séance de l’Assemblée législative du 22 mars 1792.