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sieur Glass, directeur de la Compagnie du télégraphe transatlantique, un message auquel on ne tarda pas à répondre de Valentia.

En quelques heures, la soudure était faite avec le câble complémentaire qui se trouvait à bord du Great-Eastern, et on put commencer à le dévider, en reprenant la route suivie en 1865.

Le 8 septembre, le Great-Eastern était parvenu à Terre-Neuve, après avoir déroulé la totalité du vieux câble. Le lendemain, le Medway posait le câble côtier qui complétait la seconde ligne télégraphique à travers l’Océan.

Ainsi l’existence du second câble transatlantique est un fait accompli. Ce second conducteur est aujourd’hui employé, comme son aîné, à expédier des dépêches ; si bien qu’en ce moment, deux câbles télégraphiques, au lieu d’un, servent de lien entre les deux mondes et que deux fils télégraphiques sont déposés au fond de l’Océan, à des profondeurs de 3 000 à 4 000 mètres, à l’abri des tempêtes qui agitent sa surface. En quelques minutes des dépêches sont échangées entre l’Amérique et l’Europe, et il ne faut pas plus de temps pour recevoir des nouvelles de New-York, qu’il n’en faut pour correspondre de Paris à Marseille par le télégraphe électrique.

Dieu est grand, et la science est belle !


CHAPITRE XV

effet produit en europe par le succès du câble transatlantique.

Après la réussite de cette glorieuse entreprise, le gouvernement anglais ne perdit pas de temps pour récompenser les hommes intelligents et hardis qui, par leur énergie et leur savoir, avaient le plus contribué à faire réussir une œuvre dont les résultats tiennent de la féerie.

La reine d’Angleterre conféra les titres de baronnet à sir Daniel Gooch, ingénieur, et à sir Lampson, président de la Compagnie du câble atlantique ; les titres de chevalier au capitaine sir James Anderson, à sir Samuel Canning, ingénieur en chef, et à sir William Thomson, dont les nombreux travaux et les remarquables découvertes avaient puissamment contribué au succès de l’entreprise, et qui dans la dernière campagne, avait rempli les fonctions d’ingénieur électricien.

D’un autre côté, M. Cyrus Field, que l’on pourrait appeler le génie du câble anglo-américain, fut convié à New-York, à un grand banquet, où il fit l’histoire de cette difficile entreprise.

Nous emprunterons à ce discours quelques lignes émues, dans lesquelles M. Cyrus Field compte tous ceux de ses collaborateurs qui sont tombés à côté de lui, sans pouvoir assister au succès final de l’œuvre commune.

« Le capitaine Hudson, dit-il, est descendu au tombeau, Woodhouse, l’ingénieur anglais, qui était avec nous à bord du Niagara, repose dans sa terre natale. D’autres qui s’associèrent de bonne heure aux débuts de l’œuvre, ne sont plus. Le lieutenant Berryman, qui fit les premiers sondages au travers de l’Atlantique, est mort, pour son pays, dans la dernière guerre, à bord de son navire. John W. Brett, mon premier associé en Angleterre, Samuel Statham, William Brown, le premier président de la compagnie de télégraphie transatlantique et bien d’autres sont morts également. Ma première pensée ce soir est pour les morts, et mon seul regret c’est que ceux qui travaillèrent si consciencieusement avec nous, ne soient pas là pour partager le triomphe. »

M. Cyrus Field, après avoir résume l’histoire du câble, raconte un fait qui prouve les progrès auxquels on est parvenu en l’espace de huit ans.

« Pour montrer combien ces cordes merveilleuses sont délicates, il suffira d’établir qu’elles fonctionnent avec les plus petites batteries. Quand le premier câble fut immergé, en 1858, les électriciens crurent que pour faire circuler un courant dans un câble de plus de 3 000 kilomètres de long, il fallait employer un courant extrêmement énergique. Or, M. Latimer Clarke a télégraphié d’Irlande au travers de l’Océan, avec une batterie formée dans le dé d’une dame ! Et maintenant M. Collett m’écrit de Heart’s-Content : « Je viens d’envoyer mes compliments au docteur Gould, de Cambridge, qui est à