Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 2.djvu/268

Cette page a été validée par deux contributeurs.

bord les premières parties du câble, on s’aperçut que la machine destinée au relèvement, qui était installée à la proue, n’avait pas la force suffisante pour cette opération. On eut toutes les peines du monde à empêcher que le câble ne fût endommagé, car le navire s’élevait et s’abaissait, entraînant avec lui le câble qui pendait à sa proue. On ne pouvait relever qu’un mille par heure ; à minuit, on n’en avait relevé encore que 11 kilomètres. Les sondages faisaient reconnaître le fond à 900 mètres.

Fig. 153. — S. Canning, ingénieur électricien du câble atlantique.

La plupart des employés étaient fermement convaincus que le défaut se trouvait près de la côte. M. Sunders et M. Varley soutenaient, au contraire, qu’il n’était qu’à 18 ou 20 kilomètres. On continua pourtant à relever le câble et à l’emmagasiner dans le même bassin d’où il avait été retiré. Le Great-Eastern ressemblait alors à un éléphant qui enlèverait un brin de paille avec sa trompe.

Le 25 juillet, à 9 heures 45 minutes du matin, 85 kilomètres étaient relevés. Enfin, à la grande joie de tous, on découvrit le défaut.

Un fil de fer de deux pouces de long, un peu recourbé, tranchant à son extrémité, comme s’il avait été coupé avec une pince, traversait le conducteur de part en part. Il avait pénétré dans l’enveloppe du câble, dans la gutta-percha, et jusqu’au fil central, ce qui faisait nécessairement perdre dans la mer le courant électrique.

On fit des signaux au Terrible et au Sphinx, qui répondirent par des félicitations. Puis, on se mit à l’œuvre, pour commencer l’épissure. On coupa la partie détériorée, et l’on pratiqua une soudure entre le bout du câble qui venait d’être repêché et celui qui était à bord. Puis on se remit en route.

La journée se passa sans encombre, le câble se déroulant avec régularité. Mais à 3 heures, voici qu’une nouvelle interruption vient jeter la consternation dans tous les esprits. Décidément, tout est perdu ! On se prépare à recommencer les opérations de la veille ; mais l’équipage est découragé et affirme que ce sera là un ouvrage de Pénélope. M. Cyrus Field lui-même, commence à se demander si son œuvre n’est pas une chimère. Les ingénieurs penchent la tête sur l’appareil électrique, placé dans une chambre obscure, lorsque soudain, l’aiguille du cadran fait un petit mouvement. Bientôt les signaux deviennent plus distincts : on triomphe. M. Canning se préparait déjà à relever le câble, lorsqu’on lui dit que tout va bien : All right !

Le Sphinx et le Terrible, auxquels on avait déjà communiqué la fâcheuse nouvelle, apprirent également que toutes les inquiétudes étaient dissipées.

On filait de 6 nœuds à 6 nœuds et demi. À minuit, on était à 159 kilomètres de l’Irlande ; 187 kilomètres de câble se trouvaient immergés.

Le mercredi 26 juillet, on était à 592 kilomètres de l’Irlande ; le jeudi 27, à 881 kilo-