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en règle. Le premier message télégraphique entre l’Europe et l’Amérique sera une dépêche de la reine d’Angleterre au président des États-Unis, et le second la réponse de M. Buchanan à Sa Majesté. »

Fig. 144. — Cyrus Field.

Ainsi, la communication électrique était établie le 5 août 1858, entre l’Europe et l’Amérique. La station télégraphique avait été préparée dans la baie de la Trinité, près de la ville de Saint-Jean de Terre-Neuve. On se servit d’abord de courants électriques très-forts, et il fut reconnu qu’il était possible d’envoyer par minute 40 courants d’induction ; seulement on dut bientôt, sous peine de détruire le câble, diminuer l’intensité des courants.

Le 18 août, on envoya d’Amérique en Europe deux phrases qui ne mirent que 35 minutes à parvenir. Voici le texte exact de cette dépêche expédiée par M. Cyrus Field :

Europe and America are united by telegraph communication. Glory to God in the highest, on earth peace, goodwill towards men. (L’Europe et l’Amérique sont unies par une communication télégraphique. Gloire à Dieu au plus haut des cieux, sur la terre paix et bienveillance envers les hommes.)

Le même jour, M. Cyrus Field transmettait l’annonce de ce grand événement au président des États-Unis, et la même nouvelle arrivait en France, au moment où l’empereur des Français et la reine d’Angleterre se trouvaient réunis à Cherbourg, pour des fêtes et des grandes manœuvres maritimes. Le président des États-Unis et la reine d’Angleterre, échangèrent, par le câble atlantique, deux messages télégraphiques, dont voici le texte exact :

la reine au président.

« La reine désire féliciter le président de l’heureux achèvement de cette grande entreprise internationale à laquelle la reine a pris le plus vif intérêt. La reine est convaincue que le président partagera la sincère espérance qu’elle a que le câble électrique, qui maintenant unit la Grande-Bretagne aux États-Unis, sera un lien de plus entre les deux nations, dont l’amitié se fonde sur leurs communs intérêts et leur estime réciproque.

« La reine est charmée d’être ainsi en communication directe avec le président et de lui renouveler ses vœux les plus ardents pour la prospérité des États-Unis[1]. »

le président à la reine.
Ville de Washington.

« À S. M. Victoria, reine de la Grande-Bretagne.

« Le président félicite cordialement à son tour S. M. la reine du succès de la grande entreprise nationale accomplie par le talent, la science et l’indomptable énergie des deux pays. C’est un triomphe d’autant plus glorieux qu’il est plus utile au genre humain que ceux qui ont jamais été obtenus par les conquérants sur le champ de bataille.

« Puisse, avec la bénédiction de Dieu, le télégraphe atlantique être à jamais un lien de paix et d’amitié entre les deux nations sœurs ! Puisse-t-il être un instrument destiné par la divine Providence à répandre par tout le monde la religion, la civilisation, la justice et la liberté ! Dans ce but, toutes les nations de la chrétienté ne déclareront-elles pas spontanément et d’un commun accord que le télégraphe électrique sera neutre à jamais, et qu’en passant aux endroits de leur destination, même au milieu des hostilités, il sera respecté et regardé comme chose sacrée ? »

« James Buchanan. »
  1. Les cent mots de cette dépêche furent transmis, en 67 minutes.