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Fig. 135. — Profondeurs de l’océan Atlantique sur le trajet de l’Irlande à Terre-Neuve, d’après les sondages du lieutenant Dayman, faits avec le Cyclope en 1857.


1 828 mètres, près des rivages de l’Irlande et aux abords de Terre-Neuve, à 3 782 mètres, profondeur extrême qui se trouve vers le milieu. Or, cette profondeur ne dépasse pas celles que présentent divers points du trajet de quelques lignes de télégraphie sous-marine qui fonctionnaient déjà dans l’ancien monde.

Le commandant Dayman, de la marine britannique, reçut de son côté l’ordre d’opérer une autre série de sondages, sur le trajet projeté.

La figure 135 représente la profondeur de l’océan Atlantique entre l’Irlande et Terre-Neuve, d’après les sondages effectués en 1857, par le lieutenant Dayman, sur le bateau à vapeur anglais, le Cyclope. On voit qu’à partir de l’Irlande, le sol s’abaisse progressivement jusqu’à une profondeur de 1 003 mètres. On est alors à cinquante lieues terrestres (200 kilomètres) de l’Irlande. Là le fond s’abaisse encore brusquement et descend à plus de 3 000 mètres. Cette profondeur se maintient, avec peu de variations, jusqu’à l’approche de la côte d’Amérique, c’est-à-dire jusqu’à cent lieues (400 kilomètres ) de Terre-Neuve. La sonde accuse dans ce long trajet, des profondeurs qui varient peu, et qui vont de 3 000 à 4 000 mètres. C’est cette longue étendue du lit de l’Océan que le commandant Maury appelait plateau télégraphique, désignation un peu forcée, car le mot plateau suppose une égalité de niveau, qui est loin d’apparaître ici : c’est un plateau déchiqueté. Seulement les inclinaisons des pentes, comme le montre la carte, sont assez régulières.

Dans ces profondeurs extrêmes, les eaux de l’Océan sont aussi calmes que celles d’un étang, et le fil, une fois déposé sur le fond, devait donc s’y trouver à l’abri de toute cause de rupture.

Quels que soient, en effet, l’agitation et le tumulte des flots à la surface de la mer, le mouvement des vagues ne se fait plus sentir à une certaine profondeur au-dessous du niveau de l’eau. Ce résultat important fut mis en évidence par une observation, en apparence bien futile, mais qui donne une preuve frappante de la liaison qui existe entre toutes les sciences, et qui montre bien que les remarques les plus insignifiantes au premier aperçu, peuvent conduire quelquefois aux plus utiles inductions.

Nous avons dit que le lieutenant Berrymann avait rapporté en Europe les débris ramenés du fond de la mer par la sonde, pendant ses opérations. En examinant ces débris à la