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électrique de se produire entre les boutons L et A. En effet, avant que l’électricité accumulée dans le fil de la ligne, ait acquis assez de tension pour sauter du point L au point A, elle peut s’élancer de l’une à l’autre des pointes des plaques de cuivre dentelées, et comme ces plaques de cuivre sont en communication avec la terre par le bouton T, le fluide s’écoule dans le sol, sans se décharger entre les boutons L, A, situés à une distance bien plus grande.

Pile. — Nous n’entrerons dans aucun détail particulier sur la construction et les effets de la pile voltaïque employée en télégraphie. Tout ce qu’il importe de noter, c’est le genre particulier de pile électrique que l’on adopte selon le système télégraphique dont on fait usage. Ce choix est d’ailleurs assez indifférent, car de tous les instruments qui sont nécessaires au matériel d’un télégraphe électrique, la pile est celui dont on se préoccupe le moins, tant son emploi est simple et régulier.

En Amérique, on a fait longtemps usage de la pile de Grove, qui offre cependant dans la pratique moins d’avantages que la précédente.

Sur les lignes anglaises, où l’on n’emploie jamais que des courants d’une faible intensité, on se sert d’un appareil générateur, connu sous le nom de pile à sable, et qui se compose d’un assemblage de lames de zinc et de cuivre, plongées dans de petites cellules dont les intervalles sont remplis par du sable imbibé d’une petite quantité d’eau acidulée par de l’acide sulfurique. Le nombre de couples est proportionné à la distance qui sépare les stations ; en général, on emploie vingt-quatre couples pour une distance de quatre à six lieues, quarante-huit couples pour une distance de quinze à vingt lieues, etc. Montée avec soin, une pile de ce genre fonctionne pendant six ou huit mois, sans qu’il soit nécessaire d’y toucher.

En France, on a longtemps employé la pile de Daniell, à sulfate de cuivre. Depuis l’année 1864, on se sert de la pile à sulfate de mercure de M. Marié-Davy. Comme nous l’avons dit, quatre mille éléments de cette pile sont réunis, au poste central des télégraphes de Paris, pour desservir toutes les lignes du réseau français.

Dans les stations télégraphiques on se sert, pour mettre la pile en jeu, d’un instrument très-commode, en ce qu’il permet de mettre en action instantanément un courant de l’intensité voulue. On réunit en un seul les fils venant de 10, de 15 ou de 20 couples de la pile, et ce groupe de fils peut être employé à volonté comme courant de la ligne, à l’aide de l’instrument, qui porte le nom de commutateur.

Fig. 82. — Commutateur de la pile.

On voit cet instrument représenté dans la figure 82. Une manivelle P tournant sur son axe, autour d’un disque de bois, peut, au moyen de la tige métallique courbe l, venir se mettre en contact avec l’un des boutons qui sont désignés sur la figure par les chiffres 10, 15, 20. Cette lame l communique par une tige de métal, avec le bouton D, qui est lui-même relié avec le manipulateur de la ligne télégraphique. Les boutons 10, 15, 20 communiquent avec les pôles positifs de la pile, tandis que le bouton D est mis en rapport avec le manipulateur et la ligne télégraphique. Par conséquent la tige l peut établir le circuit voltaïque en ouvrant une continuité métallique entre la pile et les instruments télégraphiques. Selon que l’on placera la lame l sur les boutons 10, 15 ou 20, le circuit voltaïque envoyé sur la ligne, sera composé de 10, de 15 ou de 20 éléments.