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En temps d’orage, il est donc indispensable de suspendre le service, qui serait, d’ailleurs, à peu près impossible ; et il faut prendre certaines précautions pour se mettre à l’abri de l’électricité accumulée par l’orage dans les fils conducteurs.

Le moyen le plus sûr, c’est de faire communiquer le fil de la ligne avec le sol : l’électricité atmosphérique qui surcharge le conducteur, s’écoule ainsi dans la terre, ou, comme on le dit en électricité, dans le réservoir commun, sans causer aucun mal.

Sur quelques lignes télégraphiques de l’étranger, comme en Angleterre et en Allemagne, on a voulu rendre cette communication permanente.
Fig. 80. — Parafoudre permanent.
Pour cela, on a surmonté les poteaux de la ligne, de tiges métalliques terminées en pointe, comme le représente la figure 80, et reliées au sol par des conducteurs. C’était dépasser le but et prendre, par tous les temps, une précaution qui n’est utile qu’au moment des orages. Ces petits paratonnerres de poteaux déterminaient des pertes du courant de la ligne par les temps pluvieux ; ils protégeaient les poteaux, mais non les fils conducteurs.

Il fallait un instrument particulier pour mettre, au moment de l’orage, le fil de la ligne en rapport avec le sol, et se préserver ainsi des fâcheux effets de l’électricité atmosphérique. L’instrument dont on se sert en France, est dû à M. Bréguet. Il suffit d’intercaler cet instrument dans le circuit de la ligne, pour établir la communication avec le sol et mettre les employés et les appareils du poste télégraphique à l’abri de tout danger.

Fig. 81. — Parafoudre.

La figure 81 représente le parafoudre de M. Bréguet. Au fil de la ligne, faisant ainsi partie du conducteur télégraphique, on a soudé un fil de fer, excessivement mince (d’un dixième de millimètre environ), et pour protéger un si fin conducteur contre les chocs et les accidents, on l’a enfermé dans un petit tube de verre, contenu lui-même dans une enveloppe de bois X. Le fil de la ligne aboutit à ce petit conducteur, au moyen d’un bouton L ; de là, en suivant la tige Y et le bouton A, le fil se rend aux appareils télégraphiques.

S’il survient un orage, le fil très-mince contenu dans l’enveloppe X, est fondu, brisé ou brûlé. La communication de la ligne avec le poste télégraphique, est ainsi interrompue, le courant de la ligne s’écoule dans le sol par le bouton L et le fil Z, ce qui préserve de tout accident les appareils et les employés. Quand l’orage est passé, on enlève le tube du parafoudre, pour remplacer le petit fil de fer qui a été brûlé par le passage de l’électricité atmosphérique.

Si l’orage était très-violent, il pourrait arriver qu’une décharge éclatât entre les boutons L et A du parafoudre, bien qu’ils soient assez distants l’un de l’autre. Dès lors l’électricité atmosphérique irait exercer ses dégâts à l’intérieur du poste télégraphique. Pour éviter ce danger, M. Bréguet a placé des deux côtés du bouton L, deux autres boutons T, T, qui sont mis, au moyen d’un fil conducteur, en communication avec la terre. Ces trois pièces sont attachées à des plaques de cuivre, armées de petites dents, dont les pointes sont en regard et très-rapprochées les unes des autres.

Cette disposition empêche la décharge