Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 2.djvu/157

Cette page a été validée par deux contributeurs.

leurs oscillations respectives. Le plateau qui reçoit le fac-simile, est revêtu d’une feuille de papier imprégnée de cyanure jaune de potassium et de fer, et la pointe mobile trace sur ce papier une série de hachures bleues, parallèles aux arêtes du cylindre. La dépêche à transmettre s’écrit, avec une encre isolante, sur du papier d’étain, que l’on applique sur un cylindre. Toutes les fois que le style porte sur un trait à l’encre, le courant est interrompu, et le style, à la station opposée, cesse de marquer sur le papier. Le fac-simile est donc reproduit en blanc, sur un fond de hachures bleues.

L’appareil de M. Bain ne put donner dans la pratique aucun résultat avantageux, par suite de la difficulté de réaliser le synchronisme des deux plateaux.

M. Blackwell, autre physicien anglais, qui remplaça les plateaux par des cylindres, ne fut pas plus heureux que son devancier.

M. l’abbé Caselli ne crut pas néanmoins au-dessus des efforts de l’art contemporain la reproduction de l’écriture par l’électricité. Il vint à Paris, installa chez Gustave Froment le pantélégraphe qu’il avait construit à Florence en 1856, et pendant six ans, il ne cessa pas un seul jour de se consacrer au perfectionnement de cet appareil.

Nous avouons, à notre honte, que lorsque, en 1859, le savant abbé florentin, de son air doux et modeste, nous entretenait de ses tentatives, nous désespérions intérieurement de voir jamais ses efforts couronnés de succès. Nous admirions le courage, la persévérance de cet homme, qui, loin de sa patrie et de ses affections, usait son temps et ses forces, au plus difficile, au plus ingrat des labeurs. Et cette défiance de notre part était bien naturelle, puisqu’il s’agissait d’établir à chacune des deux stations télégraphiques, deux pendules dont les oscillations fussent exactement les mêmes en amplitude et en durée, c’est-à-dire d’installer, à vingt lieues de distance, deux pendules isochrones. Assurer, malgré la distance, l’isochronisme absolu de deux pendules, cela paraissait, à la plupart des physiciens, quelque chose comme la quadrature du cercle ou la pierre philosophale.

Fig. 72. — G. Caselli.

Cette pierre philosophale de la télégraphie, M. l’abbé Caselli a fini par la trouver, car en 1863, l’appareil qu’il avait construit, avec le secours de Gustave Froment, donnait des résultats irréprochables. On pouvait, avec cet instrument, reproduire une dépêche d’une ville à l’autre, avec l’exacte fidélité d’une photographie. L’appareil Caselli donne, en effet, de véritables fac-simile de l’écriture de l’expéditeur. Il transmet l’écriture même, la signature même de l’expéditeur. Un dessin, un portrait, un plan, de la musique, une écriture étrangère, des traits confus et embrouillés, tout arrive fidèlement et se reproduit dans son intégrité d’une station à l’autre.

Le gouvernement français fut frappé des avantages et du côté brillant de l’invention du savant florentin. Au mois de mai 1863, une loi présentée au Corps législatif, et votée par