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et l’on est forcé, pour suppléer à l’insuffisante énergie du courant qui parcourt les lignes, de faire usage de relais.

On appelle relais, dans la télégraphie électrique, un appareil qui fournit un courant voltaïque supplémentaire, et que l’on dispose sur certaines parties de la ligne, pour renforcer la puissance de la source électrique. Dans le chapitre suivant (appareils accessoires de la télégraphie électrique), nous donnerons la description exacte de cet instrument, dont nous nous bornons ici à prononcer le nom.

On reproche, en second lieu, au télégraphe Morse, sa lenteur, ou, du moins, sa lenteur relative : un employé ne peut guère imprimer avec cet appareil, que de vingt à vingt-quatre dépêches de vingt mots par heure. Ce nombre est insuffisant pour la promptitude du service, sur les lignes très-occupées, très-encombrées, comme celles de Paris.

Le télégraphe Morse, cette admirable acquisition de la science contemporaine, a donc fini par être jugé insuffisant ; ce que l’on n’aurait guère soupçonné au début, mais ce qui est une conséquence inévitable de la loi du progrès et de la nécessité constante de perfectionner les inventions utiles au bien-être de l’humanité.

Le nouvel instrument qui s’apprête à détrôner le télégraphe Morse, est, comme le précédent, d’origine américaine. Il a été inventé par M. Hughes, professeur de physique à l’université de New-York, et par conséquent collègue de M. Morse. Seulement l’Amérique n’avait point apprécié à sa véritable valeur cette œuvre de génie. Il a fallu que M. Hughes vînt en France, d’abord pour faire exécuter et même perfectionner son appareil, par un de nos plus illustres mécaniciens, Gustave Froment, ensuite pour le faire adopter par les gouvernements européens. On reprochait au télégraphe de M. Hughes sa complication, vraiment excessive ; c’est grâce aux talents mécaniques tout à fait hors ligne de Gustave Froment, qu’il a fini par être rendu pratique, et par pouvoir être confié à un mécanicien ou à un horloger d’un mérite ordinaire. Nous avons vu, pendant plusieurs années, le télégraphe Hughes expérimenté, amélioré, mis et remis sur le chantier, dans les ateliers de Gustave Froment, jusqu’à ce qu’il soit devenu ce qu’il est aujourd’hui, c’est-à-dire une merveille entre les merveilles.

Fig. 60. — Hugues.

On va juger si cette appréciation est exagérée, par les résultats que cet instrument peut produire, et qu’il produit chaque jour.

Le télégraphe Hughes imprime les dépêches, non comme le télégraphe Morse, par une série de traits et de points qui forment un alphabet conventionnel, mais en lettres ordinaires d’imprimerie ; de telle sorte que la dépêche sort de l’instrument tout imprimée en lettres capitales sur la bande de papier. Ajoutons qu’en même temps, la même dépêche s’imprime d’une façon toute semblable à la station du départ. Au poste de réception, il suffit donc de couper la bande de papier imprimée qui sort de l’instrument, et l’on envoie au destinataire cette