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Fig. 5. — Expérience télégraphique faite par Amontons, en 1690, au jardin du Luxembourg à Paris (page 12).


caractères tracés sur le miroir se dessine sur la muraille ; les lettres conservent même la couleur qu’on leur a donnée en les écrivant ; et si, au lieu d’une phrase, vous peignez une figure, le spectre réfléchi par le miroir conserve les formes et les couleurs que vous avez données au dessin. C’est ainsi que Roger Bacon, dit Kircher, se rendait visible à ses amis absents.

« La même méthode peut servir pendant la nuit : en recueillant les rayons d’un flambeau ou de la lune avec un verre propre à grossir les objets, les caractères et les dessins, dit Kircher, seront portés fort loin.

« Cette dernière phrase nous paraît fort vague ; c’est la distance à laquelle les rayons peuvent être réfléchis, qui est le point capital dans cette opération ; il paraît incroyable, remarque Kircher lui-même, qu’avec un miroir on puisse se parler à une distance de trois lieues ; car les caractères tracés sur la glace s’affaiblissent à raison de l’éloignement, et se grossissent jusqu’à devenir comme des tours. Ma découverte n’en est pas moins certaine ; c’est une chose indubitable, c’est une chose vraiment divine ; je ne l’ai confiée qu’à une seule personne, et elle peut assurer la réalité de ce que j’avance.

« Il est difficile de bien juger de cette espèce de lanterne magique, sans faire une suite d’expériences qui puissent servir à constater les faits annoncés par l’auteur, et à trouver ceux dont il avoue n’avoir eu ni le talent ni les moyens de faire la découverte. »

Un autre savant de cette époque, François Kessler, ne portait pas ses prétentions aussi loin que le père Kircher, ou son prédécesseur Jean-Baptiste Porta. Il n’avait recours ni au soleil ni à la lune, et s’il employait une lumière, nous allons voir qu’il la mettait littéralement sous le boisseau.

En effet, Kessler enfermait à l’intérieur d’un tonneau, une lampe munie d’un réflecteur. Au-devant du tonneau était une trappe qu’on levait ou abaissait au moyen d’une tige recourbée à angle droit, de façon à apercevoir ou à cacher à volonté, la lampe placée dans le tonneau. La trappe élevée une fois, indiquait la première lettre de l’al-