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du professeur Morse, tout surpris d’une visite aussi matinale :

« Le vote de votre bill a été ratifié, s’écrie-t-elle, cette nuit à 4 heures, quelques secondes avant la clôture de la session. Nos pères conscrits dormaient bien un peu ; mais j’étais là, dans une tribune, leur rappelant d’un tel regard la promesse qu’ils m’avaient faite, qu’aucun d’eux n’a osé aller se coucher avant de l’avoir accomplie. Du reste, voici le Globe officiel de ce matin ; lisez. »

Le professeur Morse saisit la main de la jeune fille, et y déposa un baiser respectueux. Une larme tomba sur les doigts de miss Ellsworth : c’était le remercîment de l’âme attendrie de l’inventeur.

En exécution de cette décision du Congrès, le gouvernement américain adopta l’appareil télégraphique de M. Morse, qui s’occupa aussitôt d’établir, une ligne télégraphique de Washington à Baltimore. Le télégraphe magnéto-électrique devait bientôt se répandre de là, dans le monde entier.

Mais il est temps d’arriver à la description du télégraphe magnéto-électrique, tel qu’il a été employé depuis l’année 1844, sur les lignes des États-Unis.

Les dispositions générales de cet appareil se trouvent indiquées dans la figure ci-jointe.

Fig. 45. — Récepteur des signaux du télégraphe Morse.

A, A représente un électro-aimant double. Chacun de ces deux électro-aimants se compose d’un long fil de cuivre recouvert de soie, enroulé un grand nombre de fois autour d’une lame de fer doux, laquelle doit s’aimanter par l’action du courant voltaïque. Au-dessus et à une faible distance de l’aimant, se trouve placé un morceau de fer CDE offrant à peu près la forme d’un fer à cheval : c’est la lame de fer qui doit être attirée par l’électro-aimant quand l’électricité circulera dans le conducteur. À ce fer à cheval se trouve lié un levier métallique horizontal DFH. Quand l’électricité circule dans le fil, ce fer à cheval est instantanément attiré, et vient se mettre en contact avec la petite plate-forme métallique CBE, qui fait partie de l’électro-aimant.

Par suite de cette attraction, le levier horizontal DH bascule autour du centre auquel il est fixé ; pendant que son extrémité D s’abaisse, son extrémité libre H s’élève. Or, au-dessus de ce levier, en regard et presque en contact avec une pointe H que l’on a garnie d’un crayon, se trouve disposée une bande de papier. Par suite de son mouvement d’élévation, sous l’influence de l’attraction magnétique, le crayon H vient donc se mettre en contact avec le papier, et peut y laisser une empreinte. Si l’on suspend le passage de l’électricité à travers les spires de l’électro-aimant, l’aimantation cesse, le fer à cheval CDE n’est plus attiré. Mais le levier DH, qui fait suite à l’électro-aimant, est muni à sa partie inférieure d’un long ressort d’acier FI, qui agit en sens contraire de l’électro-aimant et, par son élasticité, a pour effet d’abaisser le levier DH, et par conséquent de relever le fer à cheval CDE pour le ramener à sa position primitive, dès que l’influence électro-magnétique ne contre-balance plus sa propre traction. Ainsi, ces deux effets, d’une part l’attraction magnétique, d’autre part le ressort d’a-