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CHAPITRE III

invention du télégraphe électro-magnétique. — samuel morse ; ses travaux. — samuel morse établit en 1844 la première ligne de télégraphie électrique aux états unis. — progrès de la télégraphie électrique en amérique.

Rappelons, pour l’intelligence de ce qui va suivre, le principe physique de l’aimantation temporaire du fer par le courant électrique.

Nous avons déjà dit, dans le premier volume de cet ouvrage, qu’en 1820, Arago, répétant l’expérience d’Œrsted, découvrit ce phénomène fondamental, bientôt étudié dans tous ses détails par Ampère, que l’électricité circulant autour d’une lame de fer doux, c’est-à-dire de fer parfaitement pur, communique à ce métal les propriétés de l’aimant. Arago reconnut que le fil conducteur d’une pile attire, quand l’électricité le parcourt, la limaille de fer, et peut transformer en aimants des aiguilles d’acier ou de petites barres de fer doux.

Fig. 38. — Électro-aimant.


D’après cela, si l’on enroule autour d’une lame de fer doux NS (fig. 38) un long fil de cuivre, recouvert sur toute son étendue d’une enveloppe de soie, substance non conductrice de l’électricité, afin d’isoler les différentes parties du conducteur et d’empêcher l’électricité de passer de l’une des spires à l’autre, — et que dans ce fil on fasse passer un courant électrique, en mettant ces deux extrémités en communication avec une pile en activité, — aussitôt la lame de fer qui n’a, comme on le sait, aucune des propriétés de l’aimant, acquiert ces propriétés d’une manière instantanée : elle devient un aimant artificiel, et peut, comme l’aimant naturel, attirer un morceau de fer placé à une certaine distance. Si l’on suspend le passage de l’électricité dans le fil entourant le fer doux, c’est-à-dire si l’on interrompt sa communication avec la pile, le fer perd aussitôt son aimantation, il revient à son état naturel, et le métal, un moment attiré, retombe aussitôt.

Ajoutons que si l’on fait entrer le courant d’un côté, puis de l’autre, les pôles de l’aimant sont changés, comme le montrent dans la figure 38, les deux électro-aimants marqués 1, 2. Si l’on fait entrer le courant du même côté, on peut ainsi changer les pôles en enroulant le fil de gauche à droite (1) ou de droite à gauche. (3).

La forme que l’on donne généralement aux électro-aimants, est celle d’un fer à cheval, c’est-à-dire de deux cylindres parallèles vissés à une lame courbe (fig. 39).

Fig. 39. — Électro-aimant en fer à cheval.

Pour obtenir une aimantation suffisante, à une distance considérable, il faut employer un nombre très-considérable de tours : on emploie jusqu’à 10 000 tours par bobine.

Tel est l’important phénomène que l’on désigne en physique, sous le nom d’aimantation temporaire. Ce qu’il y a de très-remarquable dans ce fait, c’est la prodigieuse rapidité avec laquelle le fer peut successivement recevoir et perdre l’aimantation. Aucun intervalle appréciable ne peut être saisi entre le moment où l’électricité s’introduit dans le conducteur et celui où commence l’aimantation du fer. La communication n’est pas plutôt établie entre le fil conducteur et la pile,