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tour. Le galvanomètre de Schweigger permettait donc d’augmenter l’intensité de l’action magnétique d’un courant de manière à le rendre applicable aux usages de la télégraphie.

La figure 34 représente le galvanomètre, instrument qui est aujourd’hui d’un usage continuel dans les cabinets de physique et les expériences sur l’électricité. L’aiguille aimantée S et la bobine de fils A sont renfermés dans une cage cylindrique en verre PP′ calée au moyen des vis V, V′.

L’action d’un courant voltaïque s’exerçant, grâce à l’emploi du multiplicateur, sur une aiguille aimantée, ne tarda pas à être mise à profit pour la construction d’un télégraphe électrique. Le télégraphe électrique de Schilling et celui d’Alexander, d’Édimbourg, étaient fondés sur l’emploi du galvanomètre.

En 1833, le baron Schilling, amateur distingué des sciences, fit à Saint-Pétersbourg plusieurs essais curieux avec un appareil de ce genre. Cet appareil se composait de cinq fils de platine, isolés au moyen de gomme laque, et contenus dans une corde de soie : ces fils unissaient les deux stations. À la station extrême, se trouvaient cinq aiguilles aimantées, placées chacune au milieu d’un galvanomètre ou multiplicateur. À la station du départ était une espèce de clavier, dont chaque touche, en rapport avec l’un des fils, servait à y diriger le courant, et à mettre ainsi en action l’aiguille magnétique correspondante, située à la station extrême. Les dix mouvements formés par les cinq aiguilles magnétiques, servaient à désigner les dix chiffres de la numération, lesquels, à l’aide d’un dictionnaire spécial, représentaient les signaux télégraphiques.

Schilling fit avec ce télégraphe, plusieurs expériences sous les yeux de l’empereur de Russie ; mais la mort de ce savant, survenue quelque temps après, empêcha de continuer les essais sur une échelle plus étendue.

À Gœttingue, les physiciens Gauss et Weber, construisirent après Schilling, un télégraphe électrique d’après les mêmes données.

Le télégraphe de Richtie et d’Alexander, d’Édimbourg, qui ne fut exécuté d’une manière définitive qu’en 1837, se composait de trente fils de cuivre, venant circuler, à la station d’arrivée, autour de trente aiguilles magnétiques. Quand on frappait à la station du départ, l’une des touches d’un clavier, semblable à celui d’un piano, le courant s’établissait dans le fil touché ; l’aiguille correspondante était déviée aussitôt, et son mouvement déplaçait un écran, qui découvrait la lettre à désigner. On pouvait ainsi montrer à distance, à une personne placée au-devant de l’appareil, les différentes lettres qui composaient les mots d’une dépêche.

En Angleterre, M. Wheatstone, réalisa vers la même époque, c’est-à-dire en 1837, un télégraphe électrique conçu sur le même principe que ceux de MM. Schilling de Saint-Pétersbourg, Gauss et Weber de Gœttingue, Richtie et Alexander d’Édimbourg, appareils divers dans la forme, mais qui, au fond, n’étaient que l’application, et quelquefois la complication, de l’idée d’Ampère.

Le télégraphe magnétique de M. Wheatstone se composait de 5 aiguilles aimantées, entourées d’un fil multiplicateur, en d’autres termes, de 5 galvanomètres. Ces galvanomètres étaient placés derrière un cadre, en forme de losange, sur lequel étaient tracées, diagonalement entre elles, les lettres de l’alphabet. Pour signaler certaines lettres, on dirigeait le courant à travers deux des galvanomètres ; de telle façon que les aiguilles, en convergeant entre elles, signalaient la lettre à désigner. Pour envoyer le courant dans tel ou tel des galvanomètres, M. Wheatstone faisait usage d’un manipulateur, composé de boutons d’ivoire, qui poussaient des ressorts métalliques destinés à établir et à faire circuler le courant dans l’un des circuits[1].

  1. M. du Moncel, a donné dans son ouvrage, Exposé des applications de l’électricité (tome second, 2e édition, planches 1, 2, 3), la figure exacte du télégraphe magnétique de M. Wheatstone.