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LA
MACHINE À VAPEUR


CHAPITRE PREMIER

notions concernant la vapeur dans l’antiquité et le moyen âge.

La plupart des écrivains qui se sont occupés de l’histoire de la machine à vapeur, ont placé dans l’antiquité le berceau de cette invention. Cette opinion nous semble inadmissible. La machine à vapeur est d’origine moderne, et c’est vainement que l’on essayerait de chercher dans les traditions scientifiques de la Grèce et de Rome la trace des idées qui présidèrent à sa création.

La science que nous désignons aujourd’hui sous le nom de physique, n’existait pas chez les anciens. Quelques connaissances dues au hasard, ou introduites par la pratique des arts vulgaires, résument toute la physique des Grecs. C’est que l’art d’observer, le secret d’étudier un fait, en l’isolant, par une opération de l’esprit, de tout ce qui l’entoure, fut à peu près ignoré des anciens. La poétique imagination des philosophes de la Grèce avait entraîné la science naissante dans une voie opposée à celle de ses progrès. Au lieu d’observer les choses qui tombent sous les sens, on cherchait à pénétrer la nature intime des phénomènes, à remonter jusqu’à la secrète essence de leurs causes. L’importance et la grandeur des faits attiraient surtout l’attention. On s’attachait obstinément à poursuivre des problèmes destinés à rester à jamais insolubles ; on construisait l’univers avant de l’avoir entrevu. Cette philosophie arrêta dès le début les sciences physiques.

Placer au sein d’une pareille époque l’origine de la découverte la plus importante des temps modernes, c’est donc fausser les traditions de l’histoire, et le rapide examen des faits montrera sur quelles bases futiles cette opinion s’était fondée.

C’est à un savant de l’École d’Alexandrie, Héron, qui vivait 120 ans avant l’ère chrétienne, que la plupart des auteurs modernes rapportent l’honneur d’avoir inventé et construit la première machine à vapeur connue.

Le petit traité de Héron, intitulé Spiritalia, renferme les quelques lignes qui ont mérité au philosophe d’Alexandrie d’être proclamé le premier inventeur d’une machine construite dix-huit siècles après lui. Ce livre était loin de prétendre à une destinée si brillante. Il renferme la description d’une série d’appareils destinés à manifester certains effets curieux de l’air et de l’eau. Les matières y sont expo-