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ticale ; c’est la partie de la machine de Newcomen que l’on voit représentée sur la figure 37 (page 71), par les lettres QQ, c’est-à-dire le plug-frame. C’est en 1718 que Beighton établit à Newcastle une machine de Newcomen dans laquelle, pour la première fois, l’ouvrier chargé de faire manœuvrer les robinets fut remplacé par une tige métallique suspendue au balancier et qui exécutait cette opération à l’aide de chevilles disposées sur des points convenables de sa longueur. La machine put alors donner quinze coups par minute ; mais l’idée première de charger le balancier d’exécuter ces mouvements revient à l’apprenti dont le nom est acquis à la postérité.

En 1758, le mécanicien Fitz-Gerald fit connaître, dans les Transactions philosophiques, le moyen de transformer le mouvement vertical de la machine atmosphérique en un mouvement rotatoire, grâce à un système de roues dentées et par l’addition d’un volant destiné à régler le mouvement,

L’emploi d’un flotteur, imaginé par Brindley, vers 1760, pour régulariser l’entrée de l’eau d’alimentation dans les chaudières, est un utile perfectionnement qu’il est bon de signaler ici.

Nous aurons terminé la revue des principales modifications apportées aux différentes pièces de la pompe à feu, si nous ajoutons que, dans plusieurs machines qu’il fut chargé de construire, l’ingénieur Smeaton parvint à perfectionner beaucoup la fabrication des pistons et des cylindres, et qu’il réussit de cette manière à éviter les pertes considérables de vapeur qu’occasionnaient les machines antérieures. D’importantes modifications apportées à la construction des chaudières et à la disposition du foyer, permirent enfin d’économiser une certaine partie du combustible. Nous ne dirons rien des perfectionnements introduits par Smeaton dans la pompe de Savery, car cette dernière avait déjà presque partout cessé d’être en usage.

On le voit pourtant, de toutes ces utiles modifications apportées à la machine atmosphérique, aucune ne touchait au principe même de son action, c’est-à-dire à la manière de mettre en jeu la force élastique de la vapeur. La machine de Newcomen, avec son énorme balancier et l’excessive consommation de combustible qu’elle exigeait, continuait de fonctionner en conservant l’ensemble des dispositions imaginées soixante ans auparavant par le serrurier de Darmouth. C’est que la théorie générale de la chaleur et les théories particulières de la vaporisation et de la condensation, qui en sont la conséquence, étaient encore à créer tout entières. Les premiers linéaments de la théorie du calorique ne furent tracés que vers l’année 1694, par la main de Guillaume Amontons. Ce physicien ingénieux et modeste, qui eut, comme on le verra dans le cours de cet ouvrage, le mérite de découvrir le principe de la télégraphie aérienne, est, en effet, l’auteur des premières vues raisonnables que l’on ait conçues sur la nature et les effets de la chaleur ; c’est à lui que revient l’honneur d’avoir substitué une opinion sérieuse, fondée sur l’observation et l’expérience, aux divagations de l’ancienne physique concernant ces phénomènes.

Amontons émit le premier cette idée, vraie et profonde, que les divers états de la matière, solide, liquide et gazeux, sont dus à l’existence, dans les corps, d’un fluide impondérable, qu’il désigna sous le nom de calorique. Par diverses expériences, exécutées avec la précision que pouvaient comporter les moyens d’observation de son époque, il constata les effets de dilatation que provoque, dans les corps, l’accumulation du calorique. Il reconnut que l’air échauffé augmente de force élastique, et découvrit ce fait important, que l’eau se maintient à une température invariable quand elle a atteint le terme de son ébullition. En un mot, il procéda le premier, par la voie de l’expérience, à l’examen des phénomènes calorifiques.

Cependant un obstacle capital empêchait la théorie de la chaleur de s’établir sur des