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Pour empêcher la vapeur de s’échapper par les interstices qui pouvaient se trouver entre le piston et le cylindre, Newcomen avait pris le parti de recouvrir la tête du piston d’une légère couche d’eau, qui pénétrait dans tous les vides, les remplissait, et prévenait ainsi les fuites de vapeur. Or, en examinant le piston, un ouvrier reconnut que le métal était accidentellement percé d’un trou. C’était en tombant, goutte à goutte, par ce trou, dans l’intérieur du cylindre, que l’eau froide, condensant plus rapidement la vapeur, accélérait, comme on l’avait observé, les mouvements du piston.

Cette remarque porta ses fruits. On avait opéré jusque-là la condensation de la vapeur en dirigeant un courant d’eau froide dans une enveloppe métallique qui entourait extérieurement le cylindre. L’enveloppe fut supprimée, et l’on condensa la vapeur en injectant une pluie d’eau froide dans l’intérieur même du cylindre, à l’aide d’un tube se terminant en pomme d’arrosoir.

Grâce à ce perfectionnement, la machine put donner huit à dix coups de piston par minute.

Amenée à cet état, la machine de Savery, Newcomen et Cawley, qui fut désignée généralement sous le nom de machine de Newcomen, se répandit en Angleterre, et fut adoptée dans presque toutes les exploitations de mines. Elle y remplaça l’ancienne pompe de Savery.

La figure 36 fera comprendre les divers éléments qui composent la machine à vapeur de Newcomen.

Fig. 36. — Coupe de la machine à vapeur de Newcomen.

Une chaudière A, munie d’une soupape de sûreté O, dirige sa vapeur dans l’intérieur du cylindre C qui la surmonte. Le piston H, qui parcourt ce cylindre, est fixé, par une chaîne de fer, à l’une des extrémités d’un lourd balancier BB qui oscille autour du point d’appui L. L’autre extrémité de ce balancier est munie d’une seconde chaîne supportant un contre-poids M et une longue tige N qui lui fait suite, et qui descend dans le puits de la mine, pour y faire mouvoir les pompes destinées à l’épuisement des eaux.

Quand la vapeur arrive dans l’intérieur du cylindre, elle soulève le piston de bas en haut, en surmontant l’effort de la pression atmosphérique. Dès lors le contre-poids M s’abaisse en vertu de la pesanteur ; il fait basculer le balancier, qui achève de soulever le piston jusqu’au bout de sa course. Si l’on ferme alors le robinet a, pour arrêter l’afflux de la vapeur venant de la chaudière, et qu’en même temps, on ouvre le robinet b, de manière à faire arriver dans l’intérieur du cylindre, un courant d’eau froide qui descend par un tuyau d, du réservoir G, on détermine la condensation subite de la vapeur qui remplissait le cylindre. La condensation de la vapeur opère le vide dans cet espace, et dès lors le poids de l’atmosphère au-dessus du piston, n’étant plus contre-balancé au-dessous, par la tension de la vapeur, précipite jusqu’au bas de sa course le piston, qui entraîne le balancier dans sa chute.

Il suffit donc d’ouvrir alternativement les