Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 1.djvu/740

Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Les Chinois avaient construit à l’embouchure même du Peï-ho des forts véritablement puissants et dont nous occupions la moitié ; il a fallu détruire par la mine les deux autres grands forts, et c’est là que l’appareil de Ruhmkorff a reçu sa première consécration en Chine. J’ai fait cette affaire de concert avec un de mes camarades, capitaine du génie ; lui, a disposé les grands fourneaux, moi, les engins électriques. L’explosion simultanée a été réussie autant qu’elle peut mathématiquement l’être ; la destruction est complète. Le tableau, au dire des spectateurs, a représenté une grande vague de terrain qui s’est affaissée en se déversant de tous côtés, avec très-peu de projections verticales. Les Anglais, qui n’avaient pas nos moyens d’explosion, ont eu beaucoup plus de peine. Le commandant supérieur, M. Bourgeois, est enchanté et a fait un rapport à l’amiral. Le peu de longueur de mes fils nous a obligés, le capitaine et moi, à nous construire, à cinquante mètres de là, un petit abri où nous avons éprouvé tous les deux un véritable tremblement de terre. J’ai été obligé aussi de ne me servir que d’un seul fil, pour chaque fusée, et par conséquent du manipulateur à un seul contact. Succès complet ! »

Le même marin, M. Trève, a encore mis à profit la bobine d’induction pour allumer les fanaux qui servent de signaux de nuit sur les côtes[1].

Les effets de la machine de Ruhmkorff sont populaires, depuis qu’elle a figuré sur les différentes scènes de nos théâtres et dans un nombre infini de soirées scientifiques. Elle a répandu le nom de Ruhmkorff, dans toutes les parties du monde.

Le grand prix de 50 000 francs institué pour les applications de la pile de Volta a été décerné, en 1864, à ce constructeur émérite.

Fig. 400. — Lampe de mineur. Ouvriers mineurs au travail.

Ce prix avait été fondé par l’empereur Napoléon III. Le décret du 23 février 1852, fixait à cinq ans le terme de ce concours, qui devait être jugé pour la première fois en 1857. La commission, présidée par M. Dumas, fit son rapport au commencement de 1858. Elle déclara qu’il n’y avait pas lieu de décerner le prix, et demanda une prorogation du concours jusqu’en 1863 ; mais elle signala, comme dignes d’éloges, les efforts de MM. Ruhmkorff, Froment, Duchenne (de Boulogne) et Middeldorpff. En 1864, le grand prix fut enfin décerné, et c’est, comme nous venons de le dire, M. Ruhmkorff qui l’obtint.

Dans un rapport très-remarquable, M. Dumas déclara que l’appareil de Ruhmkorff réunit des conditions très-rares, qui en font un instrument fécond en découvertes de

  1. Voir notre ouvrage Année scientifique et industrielle, 2e année, pp. 183-193.