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trouve ainsi interrompu, le fer doux se désaimante, le levier revient à sa première position, la pointe replonge, et ainsi de suite. Pour rendre les interruptions plus nettes, on couvre le mercure d’une couche d’alcool. On le remplace aussi par un amalgame de platine.

Une seconde pointe de platine, C′, plonge dans un petit vase semblable au premier. Elle suit les oscillations du levier, et produit les interruptions périodiques du courant induit, qui traverse également le levier AB.

Fig. 395. — Interrupteur de Foucault.

Tels sont les organes essentiels de la machine d’induction. M. Fizeau a trouvé que ses effets sont notablement augmentés par l’interposition d’un condensateur, formé de deux feuilles d’étain, que l’on colle sur les deux faces d’une bande de taffetas gommé de 4 mètres de longueur, et qu’on replie ensuite entre deux autres bandes de taffetas, de façon à pouvoir les introduire dans l’intérieur de la planche qui supporte la bobine. Les armatures de ce condensateur sont en rapport avec les boutons M, et N de la figure 393.

Cet appareil remplit parfaitement son but ; mais les physiciens sont loin d’être d’accord sur son véritable rôle et sur la cause de ses effets. Nous nous dispenserons d’énumérer ici, les différentes explications qui ont été données à ce propos par MM. Fizeau, Faraday, Gaugain, du Moncel, Hearder, etc.

Grâce aux perfectionnements réalisés par M. Ruhmkorff, la machine d’induction a acquis aujourd’hui une puissance extraordinaire. Les commotions qu’elle fournit, sont extrêmement violentes. Un jour, M. Quet, physicien belge, faisant des expériences dans un appartement obscur et s’étant approché trop près de la bobine, fut renversé sur le coup, et il aurait pu être foudroyé, sans l’arrivée de M. Ruhmkorff. Il garda le lit pendant plusieurs jours. Pourtant, sa pile ne se composait que de six éléments.

Avec un ou deux couples de Bunsen, la bobine de Ruhmkorff donne des commotions foudroyantes. Si l’on touche seulement du doigt, le fil induit, on reçoit une secousse terrible, même quand ce fil est recouvert de soie au point touché. Il ne faut donc jamais en approcher sans les plus grandes précautions.

Nous ne décrirons pas les modifications nombreuses que différents physiciens ont voulu faire subir à la machine de Ruhmkorff. Nous nous bornerons à en faire connaître les effets et les applications les plus importantes.

« L’appareil de Ruhmkorff, dit M. Dumas, lie l’une à l’autre, ces deux formes de l’électricité, qui étaient séparées comme par un abîme : l’électricité des anciennes machines, caractérisée par la faculté de produire des étincelles et par une forte tension, et l’électricité de la pile, caractérisée par une très-faible tension, et par l’impuissance à fournir des étincelles véritables. »

En effet, nos machines électriques donnent une quantité d’électricité très-faible, mais douée d’une grande tension ; la pile de Volta donne une quantité très-grande d’électricité, mais sa tension est très-faible. La machine d’induction transforme ces deux électricités l’une dans l’autre, de la façon la plus simple et la plus pratique. Elle permet d’obtenir avec la pile, les effets de fulguration des machines à frottement, tout en fournissant des quantités énormes de fluide électrique sous forme de courant continu.

La bobine d’induction se charge presque