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bouteille de Leyde, que de celle des courants de la pile voltaïque.

Voici les lois de l’induction qui ont été déterminées par M. Faraday :

1o Un courant qui commence, ou un courant qui s’approche d’un circuit conducteur, fait naître par celui-ci un courant de sens contraire.

2o Un courant qui finit ou un courant qui s’éloigne, donne lieu dans le circuit voisin, à un courant de même sens.

Le courant qui produit le courant induit, se nomme courant inducteur.

Nous venons de dire que les courants induits se rapprochent de ceux qui sont produits par les décharges électriques. Il s’ensuit qu’ils seront employés avec avantage à produire des commotions et des étincelles, tandis que les décompositions chimiques et autres effets propres à la pile, sont obtenus moins aisément par cette sorte de courants.

On a construit, pour utiliser ces courants, des machines d’induction, mises en action par les courants électriques. Nous avons décrit dans ce chapitre, les appareils basés sur l’induction par les aimants. Il nous reste à décrire ceux qui ont pour principe l’induction électrique provoquée par les courants.



CHAPITRE III

machines d’induction mises en action par les courants. — expérience de masson. — expérience de bréguet. — machine de ruhmkorff. — forme de l’étincelle d’induction fournie par la machine de ruhmkorff. — effets lumineux de cette étincelle dans le vide et dans les gaz. — tubes de geissler. — applications de leur effet lumineux. — applications diverses de la machine de ruhmkorff.

Le physicien français Masson pensa le premier, en 1836, à tirer parti des effets continus du courant d’induction, en produisant des interruptions très-fréquentes dans le courant inducteur. Une roue dentée, sur laquelle frottait une lame de ressort, était mise en communication avec le fil du circuit inducteur, lequel correspondait avec l’un des pôles de la pile ; tandis que le ressort était en rapport avec l’autre pôle. Les fermetures et les interruptions du courant voltaïque, se succédaient alors à des intervalles très-rapprochés, et les courants induits avaient une tension considérable, qui les rendait très-propres à produire des effets physiologiques.

Vers 1848, MM. Masson et Bréguet construisirent une machine d’induction basée sur ce principe. Cet appareil réalisait déjà quelques-uns des effets des machines électriques. Il permit, par exemple, de charger un condensateur. Mais ce n’est qu’en 1851 que l’appareil d’induction par le courant électrique, reçut une forme vraiment pratique, entre les mains d’un habile constructeur, M. Ruhmkorff, dont la machine d’induction par les courants électriques porte aujourd’hui le nom.

Né en Allemagne, vers le commencement de notre siècle, M. Ruhmkorff vint à Paris, pour y apprendre la construction des instruments de précision. Après avoir travaillé chez l’opticien Charles Chevalier et chez quelques autres de nos meilleurs constructeurs, il s’établit comme ouvrier en chambre. Il devint, plus tard, chef d’une maison de construction d’appareils d’électricité.

M. Ruhmkorff est loin d’être un savant.

« Son éducation, dit M. Dumas, dans un rapport sur lequel nous aurons à revenir, s’est faite peu à peu, par l’étude de quelques livres, sans cesse médités, par les leçons de quelques professeurs, entendues comme à la dérobée, aux heures bien rares du loisir. Modeste dans sa vie, d’une persévérance que rien ne distrait, d’une abnégation qui lui a mérité les plus illustres témoignages d’estime, M. Ruhmkorff restera comme un type, digne de servir de modèle à ces nombreux et intelligents ouvriers qui peuplent les ateliers de précision de la capitale. »

M. Ruhmkorff mit à profit les recherches de MM. Masson et Bréguet. Il multiplia d’une