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obtenir des torrents de lumière d’un éclat insupportable, et une chaleur qui fait fondre, en un clin d’œil, les métaux les plus réfractaires.

La machine Wilde fond des tiges de fer de l’épaisseur du petit doigt, qui sont brûlées, volatilisées. Si l’on dépose ces tiges de fer sur le plateau de la machine, on les voit rougir à blanc et couler en gouttelettes, qui retombent sur le sol. Le platine, l’or, l’argent, fondent à ce foyer chimique comme la neige fond au soleil.

Voici le principe sur lequel repose sa construction.

Nous avons déjà vu qu’il suffit de faire tourner une bobine vis-à-vis d’un aimant, pour engendrer dans cette bobine, des courants voltaïques, et qu’un courant circulant autour d’un morceau de fer, communique au fer une aimantation temporaire qui dure autant que le courant qui l’a produite. Prenez maintenant un petit aimant permanent, et faites-lui engendrer un courant dans une bobine de dimensions correspondantes ; lancez ce courant dans l’hélice d’un gros électro-aimant, et vous produirez un aimant d’une puissance beaucoup plus grande que celle de l’aimant permanent. Ce même électro-aimant peut servir, à son tour, à produire un courant dans une seconde bobine mobile. Ce troisième courant, beaucoup plus fort que le courant primitif, pourra être employé à exciter un électro-aimant encore plus gros, et ainsi de suite.

On voit qu’au moyen de ces additions successives, on multiplie presque indéfiniment la force magnétique ou la quantité d’électricité dynamique qui a servi de point de départ.

Il ne sera pas inutile de donner quelques détails sur les expériences par lesquelles M. Wilde a été conduit à ce nouveau principe, expériences qu’il a communiquées à la Société royale de Londres au mois d’avril 1866.

M. Wilde a pris un cylindre creux composé de deux pièces en fer, qui sont séparées par deux pièces de bronze. Ce cylindre est fixé horizontalement entre les pôles d’un certain nombre d’aimants permanents disposés verticalement. Dans le creux de l’aimant-cylindre tourne, sans le toucher, un autre cylindre appelé l’armature, autour duquel s’enroule un fil gros et court, dont les deux extrémités aboutissent à un commutateur. Quand l’armature tourne dans le cylindre-aimant, il se produit dans le fil conducteur une succession de courants induits qui sont recueillis par le commutateur et lancés dans la bobine d’un gros électro-aimant. En fixant sur le cylindre-aimant quatre aimants permanents pesant chacun un demi-kilogramme et pouvant porter chacun 5 kilogrammes, M. Wilde a obtenu un électro-aimant capable de porter 500 kilogrammes, c’est-à-dire 25 fois le poids que pouvaient porter collectivement les quatre aimants permanents. Cette grande différence entre le pouvoir des aimants excitateurs et le pouvoir de l’électro-aimant obtenu, peut s’accroître indéfiniment par un choix convenable des dimensions relatives.

M. Wilde découvrit, dans le cours de ses expériences, que l’électricité s’accumulait dans le gros électro-aimant, comme dans une bouteille de Leyde. Quand il avait été en rapport, pendant un temps très-court, avec la machine magnéto-électrique et qu’on venait à rompre la communication, il conservait encore pendant vingt-cinq secondes le pouvoir de produire une brillante étincelle. Il était donc chargé d’électricité, et c’est dans ce pouvoir de condensation que possède le noyau de fer doux qu’il faut, selon toute probabilité, chercher l’explication des effets surprenants que produit la nouvelle machine.

Après avoir établi ce fait, qu’une quantité très-grande de magnétisme peut être développée dans un électro-aimant, par un aimant permanent, de puissance relativement