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arcum magneticum (Expériences relatives à l’effet du conflit électrique sur l’aiguille aimantée), qui ne tarda pas à être traduit en allemand et en français[1].

Le lundi, 11 septembre 1820, M. de La Rive, qui arrivait de Genève, répéta l’expérience d’Œrsted, à Paris, devant l’Académie des sciences.

Le lundi suivant, Ampère donnait déjà communication d’un autre fait, qui complétait le premier et constituait définitivement l’électro-magnétisme.

C’est depuis ce jour, que la science électrique a fait des pas de géant.

Hans-Christian Œrsted était né le 14 août 1777, à Rud Kjerbig, dans l’île danoise de Langeland, où son père exerçait la pharmacie. Après avoir fait ses études à Copenhague, il obtint, en 1800, le grade d’agrégé de la Faculté de médecine, et prit, en même temps, la direction d’une pharmacie. L’année suivante, le jeune Œrsted eut la bonne fortune d’obtenir le stipendium cappelianum, espèce de bourse qui lui donnait les moyens de voyager pendant cinq ans en Europe pour son instruction. C’est le prix de Rome des jeunes savants danois, institution excellente, et qui manque à la France, comme hélas ! tant d’autres institutions concernant les sciences. Œrsted profita largement de cette occasion d’étendre le cercle de ses connaissances.

De retour à Copenhague, il fut nommé professeur de physique à l’Université de cette ville. Quelque temps après, il fut, en outre, chargé d’un cours de sciences naturelles à l’École militaire.

En 1822, il entreprit un nouveau voyage, qui le conduisit à Berlin, à Munich, à Paris, à Londres et à Édimbourg, et qui lui valut partout des ovations enthousiastes. Sa découverte, qui avait dévoilé le lien secret qui existe entre le magnétisme et l’électricité, et ouvert à la science des horizons nouveaux, avait fait tout à coup un homme célèbre du modeste professeur de Copenhague. Les sociétés savantes, les gouvernements et les particuliers, rivalisaient à qui lui donnerait des témoignages éclatants de considération. La Société royale de Londres lui décerna sa grande médaille d’or, la distinction suprême dont elle dispose. Le roi de Danemark le nomma chevalier de l’ordre du Danebrog, et cet exemple fut imité par d’autres gouvernements.

Vingt ans plus tard, en 1842, l’Académie des sciences de Paris élut Œrsted comme un de ses associés étrangers.

À peine de retour à Copenhague, Œrsted y fonda la Société danoise pour la propagation des sciences naturelles. En 1828, il fut créé conseiller d’État par le roi de Danemark. L’École polytechnique de Copenhague ayant été fondée en 1829, il fut nommé directeur de cette école. Il a conservé ce poste jusqu’à la fin de ses jours.

Œrsted est mort, le 9 mars 1851, à l’âge de 74 ans.

Le physicien de Copenhague a laissé sur différentes branches de la physique, un grand nombre de mémoires, qui sont disséminés dans les recueils spéciaux, et dans les Comptes rendus de la Société royale des sciences de Copenhague, dont il fut le secrétaire perpétuel depuis 1815. On lui doit l’invention du piézomètre, instrument qui sert à mesurer la compressibilité des liquides. Il ne s’était pas seulement adonné à la physique. Chimiste distingué, il a fait des analyses très-délicates. On lui doit encore des mémoires très-estimés sur l’histoire et la philosophie de la chimie. Les nombreux ouvrages qu’il a laissés, et dont plusieurs ont été traduits en allemand et en français, nous montrent Œrsted comme un excellent écrivain, en même temps qu’un savant hors ligne. Tous ses écrits se distinguent par une tendance philosophique, et par un langage à la fois poétique et populaire,

  1. Annales de chimie et de physique, vol. XIV, 1820.