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par le contact, de sorte qu’en définitive, selon Davy, les phénomènes produits par l’électromoteur de Volta provenaient de l’action réunie de ces deux causes. Dans une pile formée, comme celle qu’il avait étudiée, de couples zinc et cuivre plongés dans une dissolution de sel marin, les deux métaux se constituaient par le contact dans un état électrique opposé. Lorsque les couples étaient en petit nombre, et que par conséquent l’électricité produite avait peu d’intensité, la dissolution de sel marin n’agissait que comme simple conducteur, et l’électricité se distribuait sur chaque couple, en augmentant de tension avec le nombre des plaques, et de quantité en raison de la surface métallique. Mais dans une pile composée d’un grand nombre d’éléments, et qui dès lors agissait comme un agent de décomposition chimique, l’eau et le chlorure de sodium étaient décomposés à la fois par le courant voltaïque : l’oxygène et l’acide chlorhydrique provenant de cette décomposition se portaient sur le zinc, tandis que l’hydrogène et la soude se portaient sur le cuivre. De là résultait, pour un instant, l’équilibre des forces mises en jeu. Une partie du zinc se dissolvait dans le liquide de la pile, tandis que l’hydrogène se dégageait à l’état de gaz ; ensuite le contact des deux métaux, venant à développer une nouvelle quantité de fluide électrique, donnait au zinc de l’électricité positive, au cuivre de l’électricité négative. Mais l’oxygène et l’acide chlorhydrique qui se trouvaient en présence du zinc, par suite de la décomposition chimique, et qui sont électrisés négativement, neutralisaient l’état électro-positif du zinc ; et une destruction du même genre s’opérait au pôle opposé de la pile. Ces alternatives de formation et d’anéantissement de l’électricité, provenant à la fois du contact et de l’action chimique, continuaient nécessairement jusqu’au moment où le chlorure de sodium, décomposé presque en entier, ne pouvait plus servir à produire de l’électricité par sa décomposition chimique.

Telle est la théorie mixte adoptée par Davy, et qu’il chercha à faire prévaloir jusqu’à la fin de sa carrière scientifique, c’est-à-dire jusqu’à l’année 1826.

Cette théorie de l’équilibre électrique fut adoptée par Gay-Lussac et Thénard, qui, dans leurs essais pour mesurer l’intensité des effets de la pile, admirent que cette intensité était proportionnelle à l’énergie chimique de l’acide employé pour mettre l’appareil en action.

Fig. 374. — Auguste de La Rive.

Jæger, physicien du Wurtemberg et professeur à Stuttgard, qui, dans l’origine, s’était montré, comme Davy, partisan de la théorie de l’oxydation, finit aussi par admettre la théorie de l’équilibre de la distribution, qu’il confirma par le contrôle de l’analyse mathématique.

Berzélius approuvait pleinement les idées de Jæger, et il dit, dans son ouvrage, que l’on doit à ce physicien la théorie la plus claire et la plus complète de la pile de Volta. Il chercha lui-même à préciser et à étendre les idées du professeur de Stuttgard. On peut en dire autant de Scholz et de