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de Volta reçut bientôt une confirmation, qui parut éclatante, dans les travaux de Ohm ; en 1820, cet illustre géomètre donna à la science de l’électricité une base mathématique assise sur la théorie de Volta. Les déterminations numériques de Ohm, déduites d’expériences électro-magnétiques, établirent les lois de l’action de la pile d’une manière si rigoureuse et si complète, que l’on dut penser dès lors que la théorie de la force électromotrice ne devait plus rencontrer aucun argument sérieux.

Voici les lois générales posées par Ohm et qui résument tous ses travaux. Il importe d’en consigner ici le texte, car elles embrassent dans leur généralité tous les phénomènes de la pile.

1o Dans un couple voltaïque quelconque, les forces électromotrices sont proportionnelles aux tensions électro-statiques.

2o La force électromotrice de couples mis en série est proportionnelle au nombre des couples et indépendante de leur étendue. L’intensité, au contraire, est indépendante du nombre des couples mis en série, mais elle croît en raison directe de leur étendue.

3o L’intensité d’un couple ou d’une pile quelconque est proportionnelle aux forces électromotrices, et en raison inverse des résistances du circuit.

Ces lois résument en peu de termes, tous les rapports qui existent entre la force de la pile et l’intensité de ses effets, selon que l’on fait varier les conditions extérieures, c’est-à-dire la longueur du conducteur, son diamètre, sa conductibilité, l’interposition de substances diverses dans le trajet du circuit, etc., etc. Ne pouvant entrer dans l’examen détaillé de ces phénomènes qui reviennent spécialement aux traités de physique, nous nous bornons à rappeler le nom du physicien qui a posé ces règles importantes et la date de ses travaux sur ce sujet.

Après cette confirmation mathématique, les belles recherches du physicien allemand Fechner sur la résistance qu’opposent les conducteurs, solides ou liquides, au passage du courant de la pile, donnèrent une dernière sanction à la théorie du contact, qui parut désormais appuyée sur des fondements inébranlables.

Entre les partisans absolus de la théorie du contact et les défenseurs de la théorie chimique, il importe de signaler les opinions intermédiaires des physiciens qui ont tenté de concilier ces deux systèmes opposés. Le nombre de ces derniers a été considérable. Nous nous contenterons de les signaler en peu de mots ; car, pour les faire connaître très-exactement, il faudrait entrer dans de nombreux détails et se livrer à des considérations nouvelles dont l’exposé nous entraînerait trop loin. Dans l’intervalle qui s’étend entre les années 1820 et 1840, plus de deux mille mémoires ont été publiés, par divers savants, pour le développement des théories particulières de la pile, s’appuyant à la fois sur le principe de la force électromotrice et sur l’action chimique.

Humphry Davy est un de ceux qui se sont occupés avec le plus de persistance, à faire triompher une théorie de la pile intermédiaire entre l’hypothèse du contact et la considération des effets chimiques. Nous avons vu que, dans ses premiers travaux sur l’électricité, Davy s’était prononcé très-nettement en faveur de l’interprétation chimique. Mais plus tard il devint partisan des théories de distribution qui avaient pris un très-grand empire. Peut-être aussi était-il dirigé dans cette voie, par son désir de faire admettre en même temps, ses vues sur l’identité de l’affinité chimique et de l’électricité, qui avaient pour base le fait du développement de l’électricité par le simple contact des corps.

Quoi qu’il en soit, Davy admettait que la cause primordiale de la production de l’électricité dans les piles voltaïques, c’était le contact des métaux hétérogènes. L’action chimique s’exerçant sur l’un des métaux du couple, tendait ensuite à rétablir l’équilibre dans les mouvements électriques développés