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indéfiniment selon le nombre des couples métalliques, parce que chaque couple ajouté fournissait une nouvelle quantité d’électricité, qui venait se joindre à la somme déjà produite. Parrot, au contraire, prouvait que l’interposition d’un couple produit une déperdition énorme de force électrique, et que la quantité de fluide qui prend naissance dans cet appareil, est indépendante du nombre des couples employés.

Enfin, Volta qui s’obstinait à ne voir, dans le liquide acide employé pour mettre son appareil en action, qu’un conducteur pur et simple, regardait comme une nécessité fâcheuse l’obligation de faire usage d’un liquide acide. Il avait toujours appelé de tous ses vœux la découverte d’un conducteur solide, qui n’exerçât aucune influence chimique ni sur l’un ni sur l’autre des deux conducteurs parfaits, et qui pût servir dès lors comme un agent plus commode et plus efficace de transmission du fluide entre les couples de sa pile. Malgré tous ses efforts, Volta n’avait jamais pu combler ce desideratum de sa théorie. Les piles sèches qui furent entrevues, en 1803, par Hachette et Desormes, et construites en 1809, par Deluc, paraissaient pourtant satisfaire à ce besoin ou à cette confirmation de l’hypothèse de Volta, puisqu’elles se composent uniquement d’un assemblage de corps solides. Elles n’avaient même été imaginées que pour fortifier sur ce point la théorie de Volta. Mais Parrot répondit : « qu’une pile séchée au poêle ou à l’étuve, pouvait être sèche, au dire d’une blanchisseuse, mais non au sens d’un physicien ».

Ensuite, procédant à des expériences directes, il plaça une pile de Zamboni sous une cloche de verre. Il dessécha l’air renfermé au moyen de la chaux, et trouva que lorsque l’hygromètre à fil de soie marquait 22°, la pile de Zamboni ne communiquait aucune électricité au plateau de l’électromètre à feuilles d’or, bien que le contact fût prolongé pendant plusieurs minutes ; — que l’effet électrique devenait de plus en plus sensible, à mesure que l’air se chargeait davantage de vapeur d’eau, et qu’il atteignait son maximum dans une atmosphère saturée d’humidité. Enfin, il évalua approximativement la quantité d’électricité fournie pendant un temps donné par une pile de Zamboni et une pile à colonne, et il trouva que cette quantité était proportionnelle à la quantité d’oxygène que chaque couple enlève, dans un temps donné, à l’air ou à l’eau.

On s’explique avec peine comment des idées aussi frappantes, aussi nettement formulées, qui s’appuyaient presque toutes sur l’expérience, produisirent si peu d’impression sur l’esprit des physiciens. Il est certain pourtant que les travaux de Parrot ne furent pris qu’en médiocre considération. Les grandes vérités qu’il mettait en lumière, parurent presque aussitôt obscurcies par les résultats qu’invoquèrent à cette époque, les nombreux partisans que la théorie de Volta avait trouvés en Allemagne et en France.

Le défenseur le plus actif et le plus habile de la doctrine du physicien de Pavie fut le chimiste Pfaff, professeur à Kiel, qui, par des publications répétées, sut maintenir la faveur du monde savant aux idées de Volta.

En France, Biot, dans un travail présenté en 1803 à l’Institut national, avait essayé de confirmer la valeur des mêmes idées. Il s’était efforcé d’expliquer les anomalies physiques de l’électromoteur de Volta par des différences de conductibilité dans les métaux du couple ; aussi affirmait-il que la quantité d’électricité due à l’action chimique était assez faible pour être négligée en présence des effets électriques dus au contact des métaux.

J. B. Behrends, Hildebrant et le professeur Gilbert, de Leipzig, appuyèrent ensuite, par des expériences très-originales, la doctrine de la force électromotrice.

Déjà puissamment étayée en Allemagne par les recherches des physiciens, la théorie