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comme on le fait quand on veut, à l’aide de cet instrument, constater la présence de l’électricité dans un corps isolé, il faisait communiquer le plateau inférieur avec le sol, en le touchant avec le doigt de l’autre main. Après ce très-court contact, il soulevait le plateau supérieur par son manche isolant, et l’on voyait aussitôt les feuilles d’or de l’électroscope diverger par suite de la présence de l’électricité qui leur était communiquée par le plateau inférieur.

Fig. 372. — Expérience fondamentale de Volta.

Telle est l’expérience capitale, et si souvent reproduite dans les cours de physique, qui sert à démontrer le fait de la présence et du développement de l’électricité dans toute lame formée de deux métaux hétérogènes.

La théorie du contact, que nous venons de formuler, soulève des objections telles, qu’il est impossible de l’admettre.

Établir l’existence d’une force qui prend naissance par le simple contact de deux corps, et qui se renouvelle sans cesse, revient à admettre le mouvement perpétuel. En effet, d’après le principe de Volta, un même couple métallique et un même liquide conducteur donnent incessamment naissance à un courant électrique invariable et continu. Une fois établi, ce phénomène doit persister sans aucune interruption, puisque tout demeure constant dans ses conditions productrices, savoir : la force électromotrice, qui est constante et immuable, et la conductibilité du liquide, qui est toujours la même. Un couple voltaïque nous montrerait donc en action le mouvement perpétuel.

La théorie du contact ne tient aucun compte des phénomènes chimiques qui se passent pendant la marche de la pile : la dissolution du zinc dans l’acide employé, la formation du sulfate de zinc, quand on fait usage d’acide sulfurique, et le dégagement d’hydrogène par suite de la décomposition de l’eau, etc.

Elle ne tient nul compte de la proportionnalité, facile à constater par l’expérience, qui existe entre l’intensité des effets électriques de la pile et le degré d’énergie chimique ou de concentration de l’acide employé à mettre cet instrument en action.

Quant à l’expérience fondamentale de Volta, que nous avons rapportée, il suffit, pour en détruire toute la valeur, de montrer que le dégagement d’électricité que l’électroscope accuse, dans cette circonstance, provient uniquement de l’action chimique qui s’exerce entre le doigt de l’observateur, toujours imprégné d’un liquide ou d’une sueur acide, et le zinc, métal si oxydable. En effet, le véritable moyen d’assurer le succès de cette expérience, c’est d’opérer avec le doigt préalablement mouillé. Si au lieu de tenir la tige métallique avec le doigt, on la tient à l’aide d’une pince de bois sec ; si au lieu de saisir la lame hétérogène par l’extrémité zinc, on la tient par le côté cuivre, métal moins oxydable que le zinc ; enfin, si au lieu d’opérer en présence de l’air, on fait cette expérience dans le vide, ou dans un gaz autre que l’oxygène, tel que l’acide carbonique ou l’azote : dans ces divers cas l’électroscope n’accuse plus la présence de l’électricité. Ainsi cette expérience de Volta n’était en réalité qu’un fait mal observé. Exécutée dans des conditions rigoureuses, elle prouve le fait contraire, c’est-à-dire l’absence de toute électri-