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par une lame de cuivre enroulée en spirale sur elle-même.

Telle est la pile de M. Callaud, qui est employée aujourd’hui avec succès dans plusieurs services télégraphiques, parmi lesquels nous citerons celui du chemin de fer d’Orléans.

Dans la pile de M. Minotto, de Turin, les diaphragmes sont également supprimés. Cette pile se compose d’un cylindre de cuivre, rempli de sulfate en poudre, et d’un manchon cylindrique de zinc. Le fond du bocal et les interstices entre le zinc et le cuivre d’une part, et la paroi du bocal et le zinc de l’autre, sont occupés par du sable. On amorce la pile en versant de l’eau sur le sable et sur le sulfate.

Pile de Grove. — La pile de Grove est celle où l’on fait usage de deux liquides acides. La dissolution de sulfate de cuivre que renferme la cellule intérieure, dans la pile de Daniell, est remplacée ici par de l’acide azotique. C’est cet appareil qui, avec une modification sans importance, est aujourd’hui universellement employé dans les laboratoires et dans l’industrie sous le nom de pile de Bunsen. Voici comment l’inventeur fut amené à construire ce puissant et commode appareil électro-moteur.

Fig. 365. — Pile de Grove.

En 1839, M. Grove, chimiste anglais alors à ses débuts dans la science, cherchait à perfectionner la pile de Wollaston, en utilisant, au profit du dégagement électrique, toute la puissance d’oxydation dont le zinc était susceptible, tout en empêchant la précipitation du cuivre sur l’élément positif, c’est-à-dire sur le zinc, ce qui détermine, comme nous l’avons dit plus haut, ce courant secondaire, cause principale de l’affaiblissement rapide des piles à un seul liquide. Une expérience des plus curieuses, et que nous allons rapporter, mit bientôt M. Grove à même de réaliser ses espérances.

Au moyen d’un peu de cire à cacheter, M. Grove mastiqua, au fond d’un petit vase de terre, la tête d’une pipe à fumer. Il versa dans l’intérieur de cette tête de pipe un peu d’acide azotique, et il introduisit de l’acide chlorhydrique dans le vase de verre extérieur. Deux feuilles d’or furent alors plongées dans l’acide chlorhydrique : elles y demeurèrent sans la moindre altération, et conservaient, au bout d’une heure, tout leur brillant métallique. Alors un fil d’or fut placé de manière qu’il touchât en même temps l’acide azotique et l’extrémité d’une des feuilles d’or. La feuille touchée fut immédiatement dissoute, tandis que l’autre ne fut pas attaquée, et le fil lui-même, qui était plongé dans l’acide azotique, n’avait subi aucune altération ; enfin, un galvanomètre, interposé entre deux lames plongeant dans les deux acides, dénota immédiatement la présence d’un courant excessivement énergique, dans lequel la lame dissoute représentait l’élément négatif, et la lame inattaquée l’élément positif.

Les conclusions que M. Grove déduisit de cette expérience furent :

1o Que de la réaction des deux acides l’un sur l’autre naissait un courant électrique qui, étant convenablement établi, pouvait opérer la décomposition chimique de cet acide ;

2o Que de cette décomposition résultait une combinaison d’hydrogène et d’oxygène ayant pour résultat de désoxyder l’acide nitrique, et de laisser libre le chlore de l’acide chlorhydrique, lequel chlore, en se portant sur la lame négative, en opérait la dissolution ;