Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 1.djvu/691

Cette page a été validée par deux contributeurs.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

puissance supérieure à celle des couples électro-moteurs employés jusque-là[1]. La pile de Grove, venue plus tard, a fourni des effets plus intenses, mais moins constants, que ceux de la pile de Daniell.

Fig. 362. — A. C. Becquerel.

Pile de Daniell. — M. Daniell fut amené à créer la pile qui porte son nom, en cherchant à empêcher la précipitation du zinc révivifié sur l’élément négatif des piles voltaïques, ou du moins à remplacer cette précipitation nuisible par une précipitation utile, c’est-à-dire par la précipitation sur le cuivre d’un métal autre que le zinc, c’est-à-dire électro-positif. Après de nombreux essais, M. Daniell trouva que la dissolution de sulfate de cuivre pouvait réaliser l’effet voulu, mais que pour cela il fallait que cette dissolution fût séparée de l’eau acidulée dans laquelle plongeait le zinc. Il divisa donc la cuve dans laquelle le couple voltaïque était immergé, en deux compartiments, au moyen d’une cloison poreuse : il plaça dans l’un de ces compartiments le métal électro-négatif et son liquide acidulé, et dans l’autre le métal électro-positif et la dissolution de sulfate de cuivre.

Voici comment s’expliquent les effets de la pile de Daniell, et d’une manière générale, comment, au moyen de deux liquides susceptibles de réagir chimiquement l’un sur l’autre, on a construit les nouveaux appareils producteurs d’électricité qui ont fait disparaître les inconvénients de la pile à un seul liquide.

Les deux liquides, susceptibles de réagir l’un sur l’autre en se décomposant mutuellement, sont séparés l’un de l’autre, par un diaphragme poreux, ou une cloison, qui laisse passer facilement le courant électrique à travers sa substance et empêche néanmoins les deux liquides de se mélanger, du moins avant un certain intervalle de temps. L’un des éléments du couple voltaïque plonge dans l’un de ces liquides ; le second élément plonge dans l’autre liquide.

Les deux conditions auxquelles doit satisfaire la construction d’une pile de ce genre sont : 1o Que l’un des éléments étant seul actif, c’est-à-dire attaquable par le liquide, l’autre élément n’éprouve aucune action chimique de la part du liquide dans lequel il est immergé, et joue simplement le rôle de conducteur (le platine et le charbon, longtemps calcinés, plongés dans les acides, le cuivre métallique placé dans une dissolution de sulfate de cuivre, peuvent remplir ce dernier rôle de simples conducteurs inattaquables par le liquide de la pile) ; 2o que les deux liquides soient choisis de manière que le courant qui résulte de leur action mutuelle à travers le diaphragme soit de même sens que celui auquel donne naissance l’action de l’acide sur le métal attaqué.

Ces conditions générales sont remplies, comme on va le voir, dans le couple de Daniell, dont nous allons donner la description.

Un cylindre D (fig. 363), formé d’une terre poreuse et perméable aux gaz, parce qu’elle n’a été cuite qu’en partie, est placé dans un vase de verre V ; ce cylindre est fermé à sa partie

  1. Bibliothèque universelle de Genève, 1836, t. II, p. 167.