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plus d’un mètre, et de 5 ou 6 millimètres de section, employées pour réunir les deux pôles de cette redoutable batterie, sont rougies et presque fondues ; les autres métaux subissent une fusion et une combustion plus ou moins rapide, selon leur fusibilité ou leur oxydabilité et leur pouvoir conducteur. Aucun composé chimique, conducteur de l’électricité, ne résiste à l’action décomposante de cette batterie.

Fig. 361. — Pile en hélice.

Piles à deux liquides. — Les trois dispositions générales des appareils électro-moteurs que nous venons de décrire, c’est-à-dire la pile à colonne, la pile à auges et celle de Wollaston avec ses diverses modifications, sont les seules que l’on ait employées depuis Volta jusqu’à l’année 1836, tant pour les recherches des physiciens et des chimistes, que pour produire des effets physiques d’une grande puissance. Mais ces diverses piles, composées d’un seul liquide acide agissant sur deux métaux réunis, ont le grave inconvénient de ne donner qu’un courant électrique dont l’intensité décroît avec rapidité. Cet affaiblissement du courant tient à plusieurs causes. En premier lieu, les acides, à mesure qu’ils se combinent avec l’oxyde de zinc formé pendant la réaction, s’affaiblissent nécessairement par suite de leur neutralisation, ce qui amène une diminution graduelle dans l’intensité des effets électriques. Comme le sulfate de zinc est un corps qui conduit fort mal l’électricité comparativement à l’acide sulfurique, la diminution de conductibilité du liquide est une autre cause d’affaiblissement de l’intensité de l’appareil. En second lieu, il s’établit, dans les piles à un seul liquide, des tensions électriques secondaires, c’est-à-dire en sens contraire de celles qui engendrent le courant principal. Ces tensions secondaires proviennent surtout de la formation d’une couche d’hydrogène naissant à la surface du cuivre ou de l’élément négatif. Cette dernière circonstance est la cause principale du rapide affaiblissement qui se remarque dans les piles à un seul liquide. Pour rendre constante l’intensité du courant de la pile, il fallait donc empêcher qu’aucun dépôt de matière hétérogène ne vînt se former à la surface du métal négatif. C’est là le résultat important qui a été atteint par la découverte des piles à deux liquides. Il est important de faire connaître comment on est arrivé à la découverte de ce nouveau genre d’appareils électro-moteurs, et quels sont les physiciens à qui la science doit cette importante acquisition.

En 1829, M. Becquerel avait construit des appareils électro-moteurs d’une faible intensité, mais d’une action constante, en employant deux systèmes différents de pile à deux liquides, composés chacun de deux lames métalliques, plongeant dans une dissolution saline, séparées par un corps poreux[1]. Mais la très-faible intensité du courant ainsi obtenu, et les dispositions incommodes des appareils employés par M. Becquerel, les avaient empêchés de se répandre. C’est le chimiste anglais Daniell qui, en 1836, par une heureuse application des principes de l’électro-chimie, parvint à doter la science de la première pile à courant constant, appareil qui avait l’avantage de réunir à cette continuité d’effets une

  1. Ann. de chim. et de phys., 2e série, 1829, t. XLI, p. 5.