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Fig. 333. — Le docteur Ure galvanisant le corps de l’assassin Clydsdale.


mit en jeu les muscles de la face, qui sont si impressionnables par l’électricité. Pour cela, au moyen d’une légère incision faite au-dessus du sourcil, on découvrit le nerf sus-orbital, sur lequel fut appliqué l’un des conducteurs de la pile ; l’autre fut mis en rapport avec la plaie du talon. Le docteur Ure excita alors des commotions électriques en promenant la plaque métallique, qui formait l’un des pôles de la pile, le long des bords de cet appareil, depuis la deux-cent-vingtième jusqu’à la deux-cent-vingt-septième plaque. De cette manière, cinquante commotions électriques qui se succédaient avec la plus grande rapidité, et dont l’intensité s’accroissait successivement, furent produites en deux secondes. Rien ne peut rendre ce qui se passa alors sur le visage du cadavre. Tous les muscles de la face furent mis en action à la fois d’une manière effroyable, exprimant tour à tour des sentiments opposés. La rage, l’angoisse, le désespoir, enfin des sourires affreux, se peignirent successivement sur les traits de l’assassin. Plusieurs personnes, qui assistaient à ce spectacle hideux, en éprouvèrent un tel saisissement qu’elles furent forcées de quitter l’amphithéâtre ; un gentleman tomba évanoui et dut être emporté au dehors : à la suite de l’émotion qu’il avait éprouvée, il demeura pendant plusieurs jours frappé d’une véritable obsession morale.

On termina ces terribles scènes en mettant en action, par le fluide électrique, les articulations des doigts de la main. En faisant passer le courant de la moelle épinière au nerf cubital, on vit les doigts se mouvoir avec autant d’agilité que ceux d’un joueur de violon. Un des assistants essaya de maintenir fermé le poing du cadavre ; mais la main s’ouvrait en dépit de ses efforts. Ensuite, après avoir préalable-