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boldt, et dont on trouve une analyse dans l’Histoire du Galvanisme de P. Sue[1].

Un grand nombre de physiologistes s’empressèrent, en France et en Italie, de répéter ces expériences. Comme la pile de Volta n’était pas encore connue, on opérait simplement avec l’arc métallique, tel que Galvani l’avait employé. Mais en raison de la faible tension de l’électricité produite par cet appareil élémentaire, les résultats se montrèrent fort variables entre les mains des expérimentateurs. Volta, Mezzini, Valli, Klein, Pfaff, crurent observer et publièrent, que le cœur et tous les organes qui sont hors du domaine de la volonté, sont insensibles au galvanisme ; tandis que Humboldt et Fowler assuraient avoir fait contracter par le galvanisme le cœur de plusieurs animaux, et que Grapengiesser, de Berlin, disait avoir déterminé, à l’aide du même agent, les mouvements péristaltiques des intestins.

Bichat a consigné dans ses Recherches sur la vie et la mort les résultats des nombreuses expériences auxquelles il se livra en 1798, pour provoquer, avec des armatures métalliques, des contractions dans les muscles d’animaux récemment tués. Dans le chapitre où ce grand anatomiste traite de l’influence de la mort du cerveau sur celle du cœur, après avoir avancé que ce n’est point immédiatement par l’interruption de l’action cérébrale que le cœur cesse d’agir, il cherche à confirmer ce fait en s’appuyant sur le galvanisme, afin d’établir par tous les moyens possibles que le cœur est toujours indépendant du cerveau.

Bichat fut le premier qui soumit à l’action du galvanisme le corps des suppliciés.

Dans l’hiver de l’an VII (1798), il obtint l’autorisation de faire différents essais sur les cadavres de guillotinés, qu’on lui livrait trente ou quarante minutes après l’exécution. Mais comme il n’opérait qu’avec le simple arc métallique de Galvani, Bichat ne pouvait mettre en jeu qu’une très-minime force électrique. Cette circonstance explique la variabilité et le peu d’intensité des effets qu’il observa.

Fig. 330. — Xavier Bichat.

Sur quelques cadavres, il ne put parvenir à provoquer aucune contraction musculaire. Il en excita sur un certain nombre, surtout quand il agissait sur les muscles soumis à la volonté. Mais le cœur et les organes musculaires soustraits à l’empire de la volonté, restèrent toujours insensibles à cette action.

Les expériences de Bichat, qui firent alors beaucoup d’impression dans le monde savant, avaient pourtant peu de valeur en elles-mêmes, en raison de l’insuffisance de la source d’électricité qui fut employée.

Cependant, Volta ayant découvert la pile, les physiologistes eurent, dès ce moment, entre les mains un agent puissant et certain pour la production de l’électricité dynamique. Les expérimentateurs reprirent donc à son aide, et avec une ardeur nouvelle, l’étude de l’électricité animale.

  1. Tome II, p. 98.