Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 1.djvu/646

Cette page a été validée par deux contributeurs.

avec une lumière blanche et brillante, et avec fumée.

« Du fil de platine, d’un trente-deuxième de pouce de diamètre, rougissait à blanc et fondait en globules à l’endroit du contact… L’action galvanique était encore capable d’allumer le charbon après avoir parcouru un circuit de seize personnes qui se tenaient par la main, préalablement humectée.

« Cet appareil entretenait les déflagrations et la combustion sans aucun intervalle, sans aucune suspension dans l’effet. »

Fig. 328. — Humphry Davy.

En 1802, Humphry Davy, élevé, à l’âge de 24 ans, à la chaire de chimie de l’Institution royale de Londres, se préparait à ses grands travaux sur l’électricité voltaïque en faisant construire une pile de dimensions imposantes dont il décrivait ainsi les effets :

« J’ai fait récemment construire, pour le laboratoire de l’Institution, une batterie d’une immense grandeur. Elle se compose de quatre cents paires de cinq pouces carrés, et de quarante paires d’un pied carré. Au moyen de cette batterie, j’ai pu enflammer le coton, le soufre, la résine, l’huile et l’éther ; elle fond un fil de platine, rougit et brûle plusieurs pouces d’un fil de fer d’un trois-centième de pouce en diamètre ; elle fait bouillir facilement les liquides, tels que l’huile et l’eau ; elle les décompose et les transforme en gaz. »

Pendant que les physiciens s’occupaient, grâce à la nouvelle disposition de la pile imaginée par Cruikshank, d’étudier les effets physiques produits par l’électricité en mouvement, les physiologistes, de leur côté, s’employaient avec ardeur à rechercher la connexion qui pouvait exister entre les effets du galvanisme et les phénomènes vitaux. Dans ce but, ils observaient sans cesse l’action du courant de la pile sur l’économie animale.

Les espérances que l’on avait conçues de faire servir l’électricité dynamique à l’explication des phénomènes de la vie, étaient, en effet, loin d’être abandonnées. Depuis les travaux de Galvani, cette pensée était toujours présente à l’esprit des savants. Volta, en faisant connaître pour la première fois, l’instrument qu’il avait découvert, ne l’avait guère présenté que comme devant servir, mieux que la bouteille de Leyde, à provoquer les contractions musculaires des animaux. C’est encore la même idée qui avait surtout frappé le premier consul, et avec lui, l’Institut tout entier.

Si l’on concevait quelques doutes sur ce dernier point, il nous suffirait de rappeler ici les termes du programme publié par l’Institut à propos du grand prix proposé en 1801 pour les progrès du galvanisme. Les observations suivantes, qui terminent ce programme, contiennent le véritable complément de la pensée du premier consul :

« C’est surtout dans leur application à l’économie animale, est-il dit dans ce rapport, qu’il importe de considérer les appareils galvaniques. On sait déjà que les métaux ne sont pas les seules substances dont le contact détermine le développement de l’électricité ; cette propriété leur est commune avec quelques autres corps, et il est probable qu’elle s’étend avec des modifications à tous les corps de la nature. Les phénomènes qu’offrent la torpille et les autres poissons électriques ne dépendent-ils pas d’une action analogue qui s’exercerait entre les diverses parties de leur organisation, et cette action n’existe-t-elle pas avec un degré d’intensité moins sensible, mais non moins réel, dans un nombre d’animaux beaucoup plus considérable qu’on ne l’a cru jusqu’à présent ? L’analyse exacte de ces effets, l’explication complète du mécanisme qui les détermine, et leur