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fait pourtant, on trouva que le gaz oxygène avait déplacé dans la cloche 72 grains d’eau et l’hydrogène 142 grains du même liquide. « Ces deux volumes, ajoute Nicholson, sont à peu près dans le rapport des parties aliquotes constituantes de l’eau. Ce rapport est, en effet, d’une partie en volume d’oxygène et de deux parties en volume d’hydrogène. »

Il n’y avait dans cette analyse qu’une erreur de 2 grains, sur 144.

C’est en modifiant d’une manière fort simple l’appareil imaginé par Nicholson pour l’analyse électro-chimique de l’eau, que l’on fait aujourd’hui, dans les cours publics et dans les laboratoires, l’expérience élégante par laquelle on démontre la véritable nature de ce liquide.

Fig. 325. — Appareil pour la décomposition de l’eau.

Dans un verre à pied V contenant de l’eau (fig. 325), et dont le fond renferme une masse de cire, qui est traversée par deux fils de platine en rapport avec les pôles d’une pile en activité, on dispose deux cloches de verre AC, BD, remplies d’eau, et dans lesquelles s’engage l’extrémité des deux fils conducteurs. Les deux cloches sont graduées, c’est-à-dire divisées en parties d’un égal volume. L’eau étant décomposée par le courant de la pile, l’hydrogène et l’oxygène se rendent, chacun de son côté, dans la petite cloche disposée pour les recevoir. Il est facile de reconnaître, après l’expérience, et à la seule inspection des deux petites cloches graduées, que l’on a recueilli 2 volumes de gaz hydrogène pour 1 volume d’oxygène.

Un autre expérimentateur, William Cruikshank, à Woolwich, ayant reçu de Nicholson la communication d’une partie de ses expériences, se livra, de son côté, à des recherches du même genre, et obtint aussi d’importants résultats.

Après avoir vérifié le fait de la décomposition de l’eau découvert par Nicholson et Carlisle, Cruikshank reconnut que toujours, et quel que fût le conducteur employé, il se formait un acide libre autour de l’extrémité du pôle positif, et qu’en même temps un principe alcalin apparaissait au pôle négatif. Cruikshank saisit avec beaucoup de sagacité la cause de ce phénomène complexe. Il pensa que l’hydrogène mis en liberté par la décomposition de l’eau, et qui se portait au pôle négatif, se combinait avec l’azote de l’air, qui se trouve toujours en dissolution dans l’eau, ce qui donnait naissance à de l’ammoniaque, composé auquel était due l’alcalinité manifestée à ce pôle ; et qu’en même temps l’oxygène provenant de la décomposition de l’eau, et qui se portait au pôle positif, s’y combinait avec l’azote de l’air et formait de l’acide azotique, ce qui rendait compte de la formation d’un acide à ce pôle de la pile[1].

Cette première observation de Cruikshank n’était que le prélude de la découverte d’un fait important qui devait bientôt ouvrir une intéressante carrière d’expériences : nous voulons parler du transport des métaux par le courant électrique, au pôle négatif de la pile.

Déjà Nicholson avait fait une observation de ce genre. En employant pour la décomposition de l’eau par la pile, deux conducteurs de cuivre, et en opérant sur de l’eau acidulée par l’acide chlorhydrique, il avait observé « un dépôt de cuivre à l’état métallique autour du fil provenant de l’extrémité argent.

  1. W. Cruikshank, Some experiments and observations on Galvanic Electricity. July 1800. — Additional remarks on Galvanic Electricity. September. — Nicholson’s Phil. Journ., vol. IV, p. 187‑254.