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furent remarqués dans la mémorable lutte engagée entre Galvani et Volta, il faut distinguer surtout Alexandre de Humboldt. L’ouvrage de ce savant, Expériences sur le galvanisme, traduit en français en 1799, avait paru en Allemagne bien avant cette époque ; il contient une foule d’observations intéressantes[1]. Personne, avant de Humboldt, n’avait appliqué l’arc de Galvani sur un grand nombre d’animaux différents, et sur les diverses parties du corps de ces animaux. De Humboldt découvrit l’action que le courant électrique exerce, chez les animaux vivants, sur les mouvements contractiles des intestins et sur les pulsations du cœur. Dans son zèle pour la science, ce courageux expérimentateur n’hésita pas à se faire enlever l’épiderme par des vésicatoires, afin d’appliquer l’arc métallique sur des parties plus internes du corps mises à nu. Il obtint des résultats curieux relativement à l’influence exercée par le courant électrique sur les sécrétions des plaies formées par les vésicatoires.

De Humboldt étudia avec le plus grand soin le fait, découvert par Galvani, de la contraction musculaire de la grenouille obtenue en repliant ses jambes, de manière à les mettre en contact avec ses nerfs lombaires. Il découvrit aussi ce fait remarquable, que l’on peut obtenir les contractions de la grenouille, en touchant son nerf lombaire, sur deux points différents, avec un morceau de substance musculaire pris sur le même animal vivant.

Les Lettres sur l’électricité animale, adressées en 1792 à Desgenettes et de La Métherie par Valli, de Pise, contiennent des expériences qui méritent encore d’être signalées parmi les travaux de cette époque.

L’Essai théorique et expérimental sur le galvanisme, par Jean Aldini, sur lequel nous aurons à revenir plus tard, renferme encore beaucoup d’observations intéressantes, et en particulier, ce fait curieux, que l’on peut exciter des contractions dans une grenouille préparée et tenue à la main, quand on plonge ses nerfs dans l’intérieur d’une blessure faite dans les muscles d’un autre animal vivant.

Dans l’ouvrage de Fowler sur le galvanisme, on trouve beaucoup d’observations pleines d’intérêt sur les sensations provoquées par le passage du courant électrique dans les animaux ; sur l’influence du froid et de la chaleur ; sur l’irritabilité musculaire excitée par l’électricité ; sur la reproduction de la substance nerveuse ; sur l’action de certains poisons dans le phénomène de la contraction musculaire, etc.[2]

Un long mémoire lu à l’Institut le 26 frimaire an IX, par un physiologiste français, Lehot, contient aussi des résultats très-importants concernant les effets du galvanisme sur le système nerveux.

En 1798, malgré les orages politiques du temps, l’Académie des sciences de Paris voulut connaître et apprécier par elle-même les expériences de l’école bolonaise. Un comité de ce corps savant, composé de Guyton-Morveau, Fourcroy, Hallé, Coulomb, Vauquelin, Sabatier, Pelletan et Charles, fut chargé de répéter ces expériences et de faire un rapport détaillé sur les nouvelles découvertes du galvanisme. Hallé s’occupa particulièrement de cette vérification. Il répéta toutes les expériences d’Alexandre de Humboldt, de concert avec ce savant lui-même, qui s’était rendu à Paris dans ce but. La commission de l’Académie, qui envisagea ce sujet presque exclusivement sous le rapport physiologique, donna de grands éloges aux découvertes de Galvani et aux expériences d’Alexandre de Humboldt. Les mêmes expériences furent répétées en Allemagne par un grand nombre de physiologistes ; Pfaff, qui

  1. Expériences sur le galvanisme, et en général sur l’excitation des fibres musculaires et nerveuses, par Frédéric-Alexandre de Humboldt, traduction de l’allemand, par Jadelot, médecin. Paris, 1799.
  2. Un extrait de l’ouvrage de Fowler se trouve dans la Bibliothèque Britannique, mai 1796.