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CHAPITRE II

lutte entre galvani et volta. — théorie de volta sur l’électricité métallique et le développement de l’électricité par le contact des métaux. — expériences de galvani opposées à celles de volta. — théorie chimique de fabroni. — travaux des italiens et des allemands sur le galvanisme. — répétition des expériences de galvani et de humboldt à paris. — incertitude des savants entre ces théories opposées. — construction de la pile électrique par volta.

La publication du travail de Galvani produisit dans l’Europe savante une sensation profonde. Les phénomènes annoncés par l’expérimentateur de Bologne, les déductions qu’il en tirait, l’hypothèse qu’il avait admise, tant pour les coordonner que pour ouvrir la voie à de nouvelles recherches, furent le sujet de longues et vives discussions. Les physiologistes et les physiciens mirent un grand empressement à vérifier ces faits inattendus, et l’on en vit bientôt sortir d’importantes conséquences.

Les physiologistes entrèrent les premiers dans cette voie. Presque tous admirent la théorie de Galvani, qui donnait le moyen de résoudre ce grand problème de la sensibilité vitale que les siècles avaient laissé en suspens.

Jean Aldini, professeur de physique à Bologne, et Georges Aldini, qui devint plus tard conseiller d’État du royaume d’Italie, tous les deux neveux de Galvani, appuyèrent les premiers, par des observations fondamentales, les opinions de leur oncle. Un autre physicien, Eusèbe Valli, de Pise, qui expérimentait de concert avec Muscati, se joignit bientôt à ces premiers défenseurs de la doctrine bolonaise. L’ingénieux Fontana, professeur à Pise, enfin Giulio et Rossi, à Turin, continuèrent ces études par des expériences purement physiologiques, qui tendaient à prouver l’existence de l’électricité animale et à justifier l’assimilation de l’action nerveuse aux effets de la bouteille de Leyde.

La découverte de Galvani fut annoncée en Allemagne par la Gazette médico-chirurgicale du professeur Jacob Ackermann, de Mayence[1]. Er[2], Smuck[3], et bientôt après, Gren, professeur à Halle, répétèrent les expériences de Galvani, en employant l’argent et le zinc comme armature des nerfs et des muscles de la grenouille[4].

L’anatomiste Sœmmering, Wilhelm Behrends, de Francfort, et Kielmayer, professeur à Stuttgard, continuèrent les expériences commencées en Italie par Fontana, Giulio et Rossi.

Le but de ces divers expérimentateurs était d’appliquer à la médecine les données nouvelles résultant des travaux de Galvani, qui avait le premier donné le signal de ce genre d’application dans le traitement des paralysies. Le professeur Gaspard Crève, de Mayence, et d’autres expérimentateurs, tels que Klein, Alexandre Monro, Fowler, George Hunter, Berlinghieri et Pignotti, poursuivirent les mêmes tentatives.

Mais les adversaires des idées de Galvani ne tardèrent pas à se produire. Reil, en Allemagne, fut le premier qui se prononça contre la théorie de l’anatomiste de Bologne[5]. Il attribua les contractions musculaires de la grenouille aux métaux employés, mais en accordant toutefois une certaine part à la sensibilité organique. Pfaff, professeur à Stuttgard, observateur d’un vrai mérite, fut un adversaire plus sérieux pour Galvani[6].

L’opposition que rencontraient les idées de Galvani, et les expériences qu’on lui opposa pendant les quatre années qui suivirent la

  1. Medicinisch-chirurgische Zeitung, von Jacob Fidelius Ackermann, 1791.
  2. Physiologische Darstellung der Lebenskräfte. Mayence, 1800.
  3. Beiträge zur weiteren Kenntniss der thierischen Elektrizität. Munich, 1792.
  4. Gren Journal, VI, 402 ; VII, 323 ; VIII, 65.
  5. Id., ibid., VI, 411.
  6. Dissertatio inauguralis medica de electricitate sic dicta animali, auctore C. H. Pfaff, Stuttgardiæ, 1795. — Ueber thierische Electricität und Reizbarkeit. Leipzig, 1795.