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l’influence de la forme, de la longueur, de l’orientation des conducteurs propres à exciter la contraction tétanique, et il constata que dans ces diverses conditions, le phénomène se produisait toujours identiquement le même, pourvu que l’extrémité de l’instrument excitateur fût en contact avec les nerfs cruraux, et que l’on opérât dans le voisinage, mais non au contact, du conducteur d’une machine électrique en activité.

Bien que très-remarquables par la précision expérimentale, ces premières recherches n’apportèrent pas grand bénéfice à la science, car elles ne constituent, en réalité, qu’une étude minutieuse, et d’ailleurs fort exacte, des effets du choc en retour excité dans le corps des animaux.

Galvani expérimenta ensuite, dans la même vue, les différentes sources d’électricité que l’on connaissait alors : l’électricité positive ou négative dégagée par la machine électrique ; l’électricité fournie par la bouteille de Leyde, par les jarres électriques, et par l’électrophore. Les résultats furent constamment les mêmes : les contractions survenaient toujours dans les membres inférieurs de la grenouille, au moment même où le fluide naturel se recombinait subitement dans le corps de l’animal par la décharge, à distance, de l’appareil électrique.

Ayant ainsi épuisé, à ce point de vue, l’étude des sources d’électricité artificielle, Galvani voulut connaître l’influence qu’exercerait sur le même phénomène l’électricité naturelle, c’est-à-dire celle qui est accumulée dans la masse des nuages orageux. Le choc en retour se manifeste avec une imposante grandeur pendant la décharge électrique d’un nuage annoncée par un coup de foudre. Mais il se produit aussi, seulement avec moins d’intensité, au moment de l’apparition d’un éclair non accompagné de tonnerre. On trouvait donc, dans ce dernier phénomène, le moyen d’étudier sur une grande échelle l’influence, sur les mouvements convulsifs de la grenouille, du choc en retour provoqué par l’électricité naturelle.

Sans se laisser arrêter par les dangers d’une tentative où l’infortuné Richmann avait trouvé une fin tragique, Galvani n’hésita pas à exposer sa vie pour enrichir la science de quelques résultats nouveaux. Au sommet de sa maison, il fit élever une tige de fer pointue dressée verticalement. Un fil métallique, partant de cette tige, conduisait dans son laboratoire l’électricité empruntée à l’atmosphère. L’extrémité de ce fil, recourbée en crochet, passait dans la masse des muscles et des nerfs lombaires d’une grenouille préparée, qui s’y trouvait suspendue.

Fig. 316. — Galvani provoque les contractions de la grenouille au moyen de l’électricité d’un nuage orageux.

On constata ainsi, plus d’une fois, qu’au moment où l’éclair apparaissait, de violentes contractions saisissaient les muscles de l’animal. Souvent même elles apparaissaient sans que l’éclair brillât aux nues, et par un ciel sombre et nuageux ; seulement les éclairs de