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ciales, efface, par sa prodigieuse intensité, toute lumière artificielle, et qui n’est comparable qu’à l’éclat même du soleil.

Si l’on réunit par un mince fil conducteur, les deux pôles de cet instrument, de telle sorte que le fil interposé serve seul à l’écoulement du fluide électrique, on aura entre les mains le plus énergique foyer de chaleur dont les hommes puissent disposer. Par la masse de calorique accumulée en ce point, on met en un instant en fusion, et l’on réduit même à l’état de vapeurs, les métaux les plus réfractaires. Le fer, infusible dans nos feux de forge ; le platine, le plus réfractaire des métaux ; les corps non métalliques, tels que la silice ou l’alumine, composés absolument infusibles ; le diamant même ; en un mot, presque toutes les substances sans exception appartenant au règne minéral, sont amenées, en un instant à l’état de fusion, par ce foyer sans rival.

Quand il circule silencieusement et sans aucune manifestation extérieure, dans un conducteur non interrompu, le courant électrique engendré par cet instrument jouit de la vertu, mystérieuse autant qu’étonnante, de développer une force motrice considérable. On peut, à son gré, accroître l’énergie de cette force mécanique, l’employer à soulever de lourds fardeaux, à animer des machines. Différent en cela de tous les moteurs connus, cet agent mécanique se transporte à toutes les distances, avec une vitesse incalculable. Il peut agir, sans perdre considérablement de son intensité, à mille lieues de son point de départ. Serviteur obéissant et docile, cette force est toujours prête. Rien ne lui fait obstacle pour surmonter les distances. Elle franchit les mers, gravit les montagnes, descend les vallées, traverse les cités, et se retrouve, à son point d’arrivée, avec la plus grande partie de son énergie primitive. On peut en un clin d’œil, à la volonté et au commandement de la main, suspendre son action, et dans les intermittences de travail, dans les instants de repos, elle ne dépense, elle ne consomme rien.

Si l’on plonge dans de l’eau, deux fils d’or ou de platine, attachés aux deux pôles de cet instrument, et que l’on rapproche ces deux fils à une certaine distance, on voit aussitôt l’eau se décomposer et se réduire en ses deux éléments ; l’oxygène et l’hydrogène gazeux. L’oxygène se dégage autour du fil aboutissant au pôle zinc, l’hydrogène autour du fil partant du pôle cuivre.

Cette décomposition que l’eau subit sous l’influence du courant voltaïque, tous les autres composés naturels sont susceptibles de l’éprouver également ; car la pile de Volta est le moyen le plus puissant d’analyse que possède la chimie. Sous son influence, les oxydes métalliques sont réduits en leurs éléments ; l’oxygène se dégage au pôle zinc ; le métal se dépose à l’autre pôle. Les composés salins se détruisent aussi par l’incompréhensible action de la même force : l’acide qui entre dans leur composition se porte au pôle zinc ; la base, ou l’oxyde métallique, se rend au pôle cuivre.

C’est grâce à la pile voltaïque que les chimistes ont pu être fixés, après des siècles d’infructueux efforts, sur la nature d’une foule de composés. On soumet un jour la potasse à l’action de la pile, et cet alcali est décomposé. Bientôt, tous les oxydes terreux se dédoublent à leur tour, en oxygène et en un métal particulier ; la véritable nature des bases alcalines et terreuses est ainsi tout à coup dévoilée. Toutes les autres substances chimiques étant soumises successivement à ce puissant moyen d’analyse, des métaux inconnus sont découverts, la liste des corps simples anciennement admise est rectifiée, et le système général de la chimie s’éclaire d’un jour inattendu.

Moyen puissant et sans égal d’analyse chimique, la pile voltaïque peut aussi, délicatement employée, produire l’effet inverse, et par une sorte de contradiction physique dont