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général, nous formons le vœu que Son Excellence le Ministre de l’Intérieur, après avoir ordonné l’exécution d’une mesure réclamée depuis longtemps, et dont elle sent toute l’utilité, invite les autorités locales à lui transmettre fidèlement tous les renseignements relatifs à la chute de la foudre sur un édifice armé de paratonnerre. Ces renseignements seraient la source d’améliorations importantes, et contribueraient, en faisant connaître les avantages d’un préservatif aussi simple et aussi sûr, à en rendre l’adoption plus générale.

Telle est l’instruction de 1823. Nous résumerons maintenant les modifications qui ont été apportées aux préceptes qu’elle trace, ou plutôt les additions qui y ont été faites en 1854, et qui ont été développées dans un rapport présenté par M. Pouillet et adopté par l’Académie des sciences de Paris, dans la séance du 18 décembre 1854.

Les modifications les plus dignes d’être notées que l’instruction de M. Pouillet a apportées à celle de Gay-Lussac, se réduisent à quatre points principaux : 1o la manière d’établir la conductibilité métallique ; 2o la dimension en largeur à donner aux conducteurs ; 3o les dimensions de la pointe ; 4o la substitution du cuivre au platine pour former la pointe du paratonnerre.

En ce qui concerne la continuité métallique du conducteur, M. Pouillet n’admet de continuité assurée que celle qui existe entre des métaux soudés. Il est en outre important, selon lui, de ne pas multiplier inutilement les soudures. M. Pouillet a donc posé les deux règles suivantes :

Diminuer le plus possible le nombre des joints sur la longueur entière du paratonnerre, depuis la pointe jusqu’au sol ;

Souder à l’étain tous ceux de ces joints que la forme des pièces oblige à faire sur place. Ces soudures à l’étain, qui devront toujours occuper des surfaces d’au moins 10 centimètres carrés, seront en outre consolidées par des vis, des boulons ou des manchons.

Une troisième règle à laquelle M. Pouillet attache aussi de l’importance, est de ne pas effiler autant qu’on le fait en général le sommet de la tige du paratonnerre. Voici la raison de ce changement. Un paratonnerre est destiné à agir de deux manières différentes. Le plus souvent, le nuage qui porte la foudre s’avance progressivement, des actions électriques se produisent peu à peu, et en vertu du pouvoir des pointes la neutralisation s’opère lentement et en silence. Mais aussi il peut arriver que le nuage se trouve presque instantanément en présence du paratonnerre, et alors il est nécessaire qu’il soit muni d’une pointe plus solide et capable de résister à la fusion qu’un afflux considérable du fluide électrique ne manquerait pas d’opérer. C’est pour éviter cet accident, qui n’est pas sans exemple, que M. Pouillet conseille de renforcer l’extrémité terminale du paratonnerre en augmentant l’angle d’ouverture du cône qui forme sa pointe.

Fig. 309. — M. Pouillet.

Mais nous devons faire observer que tous les physiciens n’ont pas goûté cette dernière idée et que l’on recommande généralement de faire des pointes fort effilées.