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Pour que la dissémination de l’électricité atmosphérique dans la masse du sol soit prompte et facile, il faut, avons-nous dit, que la partie inférieure du conducteur soit mise en communication avec un cours d’eau souterrain, d’une certaine importance. Le but de cette disposition n’est pas, comme le pense le vulgaire, de conduire le feu du ciel dans une masse d’eau, pour l’y éteindre, ainsi qu’on éteint le feu d’un incendie. La tige d’un paratonnerre doit être mise en communication constante avec une masse d’eau, non pas stagnante comme celle d’une citerne, mais ayant un cours libre, comme celle d’une rivière ou d’un puits, afin que par sa communication facile avec la source d’où elle provient, ou le courant vers lequel elle se dirige, cette eau puisse porter et disséminer promptement dans la masse du sol l’électricité enlevée à l’atmosphère.

Pour amener le conducteur, de la base inférieure du mur de l’édifice jusqu’à la rivière ou au puits auquel il doit aboutir, on le fait passer au milieu d’une espèce de canal, à section carrée, construit en briques et rempli de braise de boulanger. Ce charbon interposé défend le conducteur du contact oxydant de l’air. En même temps, comme la braise de boulanger, c’est-à-dire le charbon très-longtemps calciné, est un des meilleurs conducteurs électriques que l’on connaisse, l’écoulement du fluide est beaucoup facilité.

Au lieu de faire plonger simplement l’extrémité du conducteur dans l’eau du puits, il est avantageux de le terminer par une large plaque de cuivre, qui, présentant plus de surface, donne un plus large écoulement au fluide électrique.

S’il n’existe pas de nappe d’eau dans les couches inférieures du sol, si l’on n’est à portée ni d’un puits ni d’une rivière, il faut prolonger la tranchée d’écoulement jusque dans un terrain humide. Enfin, si cette dernière condition elle-même ne se rencontre pas, il faut ramifier le conducteur principal. Pour cela, on soude à droite et à gauche, des branches de fer additionnelles, et l’on place chaque nouvelle branche dans une tranchée séparée, construite comme la tranchée du milieu. Les conducteurs latéraux font, en quelque sorte, l’office de veines que l’artère centrale doit alimenter.

En raison de la rigidité des barres de fer, il est souvent difficile de faire suivre au conducteur tous les contours des bâtiments. Pour échapper à cette difficulté, on a eu l’idée de remplacer les barres de fer par de véritables cordes métalliques. Dans ce cas, le mieux est de diviser la corde en torons indépendants, formés chacun par la réunion de quinze à vingt fils de cuivre. On goudronne chaque toron séparément, puis on les réunit tous ensemble pour en former une corde unique. Lorsqu’on emploie des cordes métalliques de préférence aux barreaux de fer, on ne saurait donner trop d’attention à l’attache des torons sur la base du paratonnerre. C’est ici qu’outre les boulons, l’emploi des bourrelets de soudure est indispensable. En effet, si un ou deux torons venaient à se séparer de la tige, l’électricité, ne trouvant plus dans les autres une suffisante issue, briserait le conducteur en mille morceaux, et l’intérieur de l’édifice pourrait bien être foudroyé.

Le rapport composé par Gay-Lussac en 1823, ou l’Instruction sur les paratonnerres publiée par l’Académie, est loin d’avoir vieilli. La nature des constructions a changé depuis cette époque, et il y a, sous ce rapport, un élément nouveau dont il faut tenir compte. Mais, à cette circonstance près, dont nous ferons la part plus loin, l’Instruction de 1823, outre qu’elle constitue une pièce historique de la plus grande importance, est et sera toujours consultée par les constructeurs, les architectes, les physiciens et les ouvriers chargés d’établir des paratonnerres.

C’est ce qui nous engage à reproduire ici, la partie pratique de ce document remarquable. Nous allons donc laisser parler ici Gay-