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Fig. 273. — De Romas. Fig. 274. — Mathieu Dutilh.


faction d’avoir obtenu justice. Il n’avait pourtant rien négligé pour atteindre un but si légitime.

Pour bien établir ses droits de priorité dans l’expérience du cerf-volant électrique, Romas avait écrit en Amérique à Franklin lui-même, le 19 octobre 1753, en lui envoyant deux mémoires dans lesquels il exprimait très-nettement ses prétentions, et où l’expérience du cerf-volant racontée dans tous ses détails, était présentée comme lui appartenant en propre. À cette invitation directe de s’expliquer sur le sujet du débat, Franklin se contenta de répondre, le 29 juillet 1754, par une lettre évasive, dans laquelle il ne fait aucune allusion, pour la repousser ni pour l’admettre, à la prétention de Romas concernant la première idée de l’emploi du cerf-volant. Voici cette lettre de Franklin :

« Monsieur, la très-obligeante lettre dont vous m’avez favorisé le 19 octobre, et vos deux excellents mémoires sur le sujet de l’électricité, ne m’ont été rendus qu’hier par un vaisseau qui est sur le point de partir pour Londres. Je ne puis que vous en accuser la réception, et vous assurer que la correspondance que vous m’offrez d’une manière si polie me sera extrêmement agréable. Je suis obligé de différer une plus particulière réponse à la plus prochaine commodité. Je vous envoie en même temps un de mes nouveaux mémoires sur la foudre qui ne sera peut-être pas imprimé avant de parvenir jusqu’à vous.

« Je suis respectueusement, Monsieur,
« Votre très-humble et très-reconnaissant serviteur,
« B. Franklin. »

Mais la réponse promise n’arriva jamais, et Romas dut se contenter, en attendant mieux, de ces protestations de politesse banale.

« On dirait, dit à ce sujet M. Mergey, dans son Étude sur les travaux de Romas, que Franklin, auquel l’opinion publique, trop prévenue, attribuait si libéralement le double mérite d’avoir conçu et réalisé l’expérience qui démontre la présence de l’électricité dans les nuages orageux, ne persista dans son