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Fig. 264. — Le physicien Jallabert découvre le pouvoir des pointes (page 515).


le physicien de Nérac avait pénétré la nature du tonnerre, et qu’il avait poussé fort loin cette idée de l’identité de la foudre et de l’électricité qui commençait à prendre faveur chez les électriciens de l’Europe.

La question historique que nous venons de traiter concernant la découverte du grand fait de l’identité de l’électricité et de la foudre, met encore une fois en évidence une vérité que nous avons déjà essayé de faire ressortir dans cet ouvrage : c’est qu’il est impossible d’accorder à un seul homme l’honneur d’une grande invention scientifique, et que les découvertes importantes naissent toujours, non des efforts isolés d’un homme de génie, mais d’un concours lent et successif de travaux dirigés vers un but commun.

La science et le temps préparent les éléments divers des grandes découvertes ; il arrive dès lors un moment où la même idée se présente à la fois à un grand nombre d’esprits, parce qu’elle est la conséquence d’une foule de travaux entièrement accomplis. On a attribué, tantôt à Wall, tantôt à Franklin, tantôt à l’abbé Nollet, la gloire d’avoir démontré les premiers l’analogie physique de la foudre et de l’électricité. Ce n’est à aucun de ces savants en particulier que revient le mérite de cette pensée ; elle était l’expression et le résultat de l’ensemble des travaux des physiciens du dernier siècle. C’est à la science collective, à la réunion de tous les efforts, et non à l’unique inspiration d’un homme de génie, que l’humanité est redevable de la plupart des grandes conquêtes scientifiques qui font son bonheur ou sa gloire.