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Les effets de ces puissants appareils sont dépassés par ceux d’une machine électrique basée sur un principe tout différent, et d’invention, relativement, récente. La découverte de cette nouvelle source d’électricité statique, est due à un phénomène révélé par le hasard, mais que l’on sut analyser et utiliser.

En 1840, un mécanicien anglais était occupé, dans un atelier aux environs de Newcastle, à réparer la chaudière d’une machine à vapeur où il s’était déclaré une fuite. Par un mouvement involontaire, il plongea une de ses mains dans le jet de vapeur, pendant que de l’autre main il touchait le levier de la soupape de sûreté. Aussitôt il éprouva une secousse, et il vit des étincelles jaillir au bout de ses doigts qui touchaient le levier. Il se trouvait, en ce moment, sur un massif de briques chaudes, peu conducteur, qui jouait le rôle de corps isolant, et sans nul doute il établissait la communication entre la chaudière, qui était électrisée négativement, et la vapeur, qui prenait, en s’échappant, une électricité positive (fig. 251, page 481).

Informé de ce phénomène inattendu, M. Armstrong le répéta sur d’autres machines. Il puisa la vapeur dans une chaudière, par l’intermédiaire d’un large tube de verre, terminé par un robinet isolé. Tant que la vapeur n’avait pas d’issue, il ne se manifestait pas d’action électrique, mais dès qu’on la laissait s’échapper, elle s’électrisait positivement, le robinet prenant l’électricité opposée. La chaudière elle-même restait à l’état naturel.

Ce résultat prouve que les deux fluides se séparent seulement à l’orifice d’échappement, et qu’ils sont engendrés par le frottement de la vapeur contre les parois du robinet.

M. Faraday a complété l’étude de ce phénomène en montrant que la vapeur surchauffée et sèche ne fournit point d’électricité. Si on la fait passer, au contraire, avant sa sortie, dans une boîte remplie d’étoupe humide, où elle se charge de gouttelettes d’eau, on obtient de l’électricité en abondance. C’est donc le frottement des gouttelettes liquides qui est la véritable cause du développement de l’électricité. M. Faraday a montré encore que la matière des becs qui servent à l’écoulement, a une grande influence sur la quantité d’électricité produite. Le bois de buis est la matière la plus avantageuse.

Fig. 257. — Machine électrique d’Armstrong.

En s’appuyant sur ces résultats, M. Armstrong construisit la machine que nous représentons ici (fig. 257). Elle se compose d’une chaudière cylindrique en tôle A, fermée par une porte B, à foyer intérieur, isolée sur quatre pieds de verre S, S. Le niveau de l’eau dans l’intérieur de la chaudière, est indiqué par un tube de cristal vertical N. Une soupape de sûreté C, fixée sur la chaudière, garantit la sécurité de l’opérateur. Quand la vapeur a acquis une tension suffisante, mesurée par un petit manomètre, on ouvre le robinet D, qui lui donne accès dans la boîte E, remplie de mèches de coton humectées. La vapeur sort de cette boîte par des ajutages