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résolution de les terminer pour cette saison un peu gaiement, par une partie de plaisir sur les bords du Skuylkill. Nous nous proposons d’allumer de l’esprit-de-vin des deux côtés en même temps, en envoyant une étincelle de l’un à l’autre rivage à travers la rivière, sans autre conducteur que l’eau, expérience que nous avons exécutée depuis peu au grand étonnement de plusieurs spectateurs. Nous tuerons un dindon pour notre dîner par le choc électrique, il sera rôti à la broche électrique devant un feu allumé avec la bouteille électrisée, et nous boirons aux santés de tous les fameux électriciens d’Angleterre, de Hollande, de France et d’Allemagne, dans des tasses électrisées, au bruit de l’artillerie d’une batterie électrique[1]. »

C’est au milieu de ces sortes de récréations physiques, et avec leur secours, que Franklin accomplit son immortelle analyse de la bouteille de Leyde, dont nous venons de présenter l’exposé.

Pendant que le philosophe américain réalisait ses belles découvertes, les électriciens d’Europe continuaient de se livrer à une foule d’expériences et de tentatives isolées, qu’ils variaient sans cesse, sans en tirer le moindre fruit, et sans trouver une théorie satisfaisante pour expliquer les nombreux phénomènes que la science enregistrait chaque jour. Les physiciens les plus célèbres de la France, de l’Angleterre et de l’Allemagne, les membres les plus éminents des académies européennes, ne pouvaient que signaler confusément des faits observés d’une manière empirique, tandis qu’un nouveau venu, un homme sans notoriété dans les sciences, composait, à deux mille lieues de l’Europe, la théorie rationnelle des phénomènes électriques, et soumettait à une victorieuse analyse la bouteille de Musschenbroek.

Toutefois, ces grandes découvertes n’étaient elles-mêmes qu’un prélude. Elles ne marquaient que le premier pas vers un triomphe plus éclatant encore. Il restait au philosophe américain à étonner le monde par une de ces vues supérieures qui dévoilent toute la puissance et la portée de l’esprit humain. Il lui restait à démontrer l’identité de la foudre et de l’électricité, et à appliquer cette idée à la création du paratonnerre.

Avant de passer à l’histoire de cette grande découverte, et de reprendre l’historique des progrès de l’électricité depuis son origine jusqu’à nos jours, nous décrirons, pour en finir avec la machine électrique qui fait l’objet de cette Notice, les machines électriques construites et adoptées par les physiciens contemporains, et qui sont de date récente.



CHAPITRE VII

découvertes récentes relatives à la machine électrique. — électricité produite par les jets de vapeur d’eau bouillante. — machine hydro-électrique de m. armstrong. — machine de m. holtz.

Les machines électriques que nous avons décrites, sont toutes basées sur le développement de l’électricité par le frottement du verre. Les plus puissantes sont à plateau. Nous citerons celle du musée Teyler, à Harlem, qui fut construite en 1785, par Cuthbertson pour le physicien Van Marum. Les deux plateaux parallèles avaient 1m,60 de diamètre. Quatre hommes suffisaient à peine pour la mettre en rotation. Elle donnait des étincelles de 65 centimètres de longueur et d’une épaisseur de plus d’un demi-centimètre, qui éclataient avec une véritable détonation. Un pendule électrique était dévié à plus de 12 mètres de distance. Nous avons donné page 454 la figure de cet appareil célèbre.

Une autre machine à plateau, digne d’être mentionnée, est celle du Conservatoire des Arts et Métiers de Paris, dont le plateau a 1m,85 de diamètre, et qui donne des étincelles énormes.

Mais la plus grande machine électrique qui existe, est celle de l’Institution polytechnique de Londres. Son plateau a un diamètre de 2m,27. Sa rotation est produite par une machine à vapeur.

  1. Œuvres de Franklin traduites de l’anglais, par M. Barbeu-Dubourg, in-4, 1773, t. I, p. 35-37.