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chaleur, se communiquer d’un corps à l’autre, par le simple contact. Pour vérifier cette conjecture, il se mit aussitôt en devoir de rechercher si des substances autres que le liége, pourraient acquérir aussi l’attraction électrique, par leur contact avec le tube de verre électrisé.

Grey prit donc une baguette de bois de sapin, longue de quatre pouces, et il fixa à l’une de ses extrémités une petite boule d’ivoire. L’autre extrémité de la baguette fut enfoncée dans le bouchon de liége qui servait à fermer le tube.

Le petit appareil ainsi disposé, Grey frotta le tube de verre, et approcha quelques corps légers de l’extrémité de la baguette de sapin : les petits corps furent aussitôt vigoureusement attirés. L’électricité s’était donc transmise du verre au bouchon de liége, et du bouchon de liége à la baguette de sapin.

Ravi de ce résultat, Grey s’empressa de substituer à sa baguette de sapin de quatre pouces seulement de long, des baguettes plus longues, qui produisirent le même effet.

Des fils de cuivre, de petites tiges de fer, plantés dans le même bouchon, et mis de cette manière, en communication avec le tube électrisé, remplacèrent ensuite les baguettes de bois, et transmirent tout aussi bien le fluide électrique.

Notre physicien voulut alors continuer l’expérience avec des tiges d’une plus grande longueur. Il se procura donc de minces et longs roseaux qui atteignaient d’un bout à l’autre de l’appartement où il se trouvait. Malgré la longueur de ces roseaux, le fluide se transporta à leur extrémité, et l’attraction électrique se montra tout aussi prononcée qu’auparavant.

L’expérience, comme on le voit, prenait beaucoup d’intérêt. Grey voulut la pousser aussi loin que possible. Limité par l’étendue de son appartement, il prit le parti de suspendre ses roseaux du haut du balcon de sa fenêtre, jusque dans la cour.

Il attacha donc à son tube de verre une petite corde de chanvre, qui servit à suspendre de longs roseaux placés bout à bout. Il termina l’extrémité du dernier roseau par une petite boule d’ivoire, et se plaça sur le balcon du premier étage de sa maison, à une hauteur de vingt-six pieds au-dessus du pavé. Il frotta vivement son tube de verre ; et la personne qui se tenait dans la cour, pour présenter les corps légers à la petite boule d’ivoire terminant ce long système, constata que la boule d’ivoire attirait les corps légers avec énergie.

Grey monta alors, du premier étage, au second : les phénomènes furent encore les mêmes.

Il se plaça enfin sur les toits de la maison, l’extrémité inférieure des roseaux descendant jusqu’au sol, sans toucher au mur. L’attraction électrique persista toujours.

On n’avait pas encore inventé les ballons aérostatiques ; il est probable, sans cela, que notre physicien se serait élevé dans les airs, afin de continuer, dans les limites les plus étendues, une expérience dont le succès le remplissait de joie.

Il y avait pourtant une manière de pousser plus loin le même essai, sans être obligé de s’élever en ligne perpendiculaire. Il suffisait de replier le conducteur plusieurs fois sur lui-même, dans l’intérieur de l’appartement. C’est ce que fit Étienne Grey. Il attacha à son tube de verre une longue corde de chanvre, et pour la soutenir en l’air, il tendit horizontalement des ficelles qui furent attachées à des clous plantés dans les deux faces opposées du mur. Ces ficelles donnaient un appui suffisant à la corde de chanvre qui devait servir de conducteur électrique ; avec un certain nombre de ces ficelles, on pouvait soutenir en l’air une corde assez pesante, et même, si on le voulait, la replier deux ou trois fois sur elle-même dans l’intérieur de l’appartement.

Les choses ainsi disposées, Grey frotta le