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entrer dans des conditions toutes nouvelles. Le plan qui fut soumis à la ville de Paris, a été exposé dans un mémoire imprimé, qui a pour titre : Entreprise générale d’un transport de personnes et de choses dans Paris par un réseau de chemins de fer souterrains. Ce mémoire est signé par M. Lacordaire, ancien ingénieur divisionnaire des Ponts et Chaussées, et par M. Le Hir, avocat à la Cour impériale de Paris.

Ce projet, toutefois, n’a pas eu de suite. Les fâcheuses conséquences qu’auraient entraînées les excavations du sol, font comprendre suffisamment qu’il ait été abandonné.

On a donc renoncé, à Paris, à l’idée des chemins de fer souterrains, qui, s’ils avaient pu être adoptés, auraient montré ce spectacle étonnant de personnes descendant à la cave pour monter en voiture.

Chemins de fer de niveau. — Les chemins de fer établis au sein des villes, sur les terrains de niveau, occasionneraient une gêne considérable à la circulation. Ils ne semblent donc admissibles que lorsqu’il s’agit de pénétrer dans une cité essentiellement industrielle, où toutes les convenances restent subordonnées aux besoins des usines. En effet, sur les chemins de niveau, les raccordements de la voie avec les usines sont facilités ; le transport économique des matières pondérantes, qui est, pour les cités industrielles, la plus importante des conditions, se trouve ainsi assuré.

Nous n’avons pas besoin de dire que, dans les villes non industrielles, on ne saurait songer sérieusement à lancer une locomotive sur des rails à niveau du sol, au milieu de l’embarras et de l’encombrement des rues livrées à la circulation publique. Mais dans les villes qui sont le siége d’une industrie active, on a pu, non seulement songer à ce projet, mais l’exécuter. À New-York, à Manchester, à Gênes, les voies ferrées pénètrent dans l’intérieur de la ville et du port.

En France, un chemin de fer existe au sein d’une ville : nous voulons parler de Nantes. La figure 205 (page 397) donne une vue de la partie de la ville et du port de Nantes qui sont traversés par la voie ferrée.

Chemins de fer sur arcades. — Il résulte de ce qui précède, que l’on ne peut songer à établir des voies ferrées au sein des villes non industrielles, qu’en plaçant la voie sur des arcades élevées au-dessus du sol.

On a mis en avant plusieurs projets pour construire, au milieu des cités, des chemins de fer portés sur des arcades.

Au mois de février 1855, M. Telle, savant instituteur, a publié, à Paris, une brochure de quelques pages, ayant pour titre : Les chemins de fer dans l’intérieur de Paris et des autres grandes villes. L’Illustration du 20 avril 1856 a donné une vue d’un chemin de fer de Paris, d’après la description contenue dans la brochure de M. Telle.

Ce système consistait à placer les rails sur des arcades élevées, placées au milieu des rues, et arrivant à peu près à la hauteur du premier étage. M. Telle proposait de faire usage des locomotives. Il ne paraissait pas se douter des inconvénients qu’auraient pour les habitants de la ville, la fumée et le foyer et l’ébranlement du sol, etc. Quand le terrain l’exige, ajoute tout simplement l’inventeur, on pratiquerait des tranchées !

Après cette imparfaite ébauche d’un projet, déjà étrangement difficile, un ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, M. Jules Brame, a fait connaître des dispositions pratiques parfaitement étudiées, et qui auraient le double avantage de concourir à l’embellissement des villes et de se plier aux exigences de la circulation.

On pourrait comparer les chemins de fer urbains imaginés par M. Brame à l’un de nos boulevards, dont la chaussée, exclusivement consacrée à l’emplacement des deux voies de fer, et les larges trottoirs destinés aux pié-