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CHAPITRE XIV

les chemins de fer dans l’intérieur des villes.

Nous terminerons cette notice en signalant un côté tout nouveau de la question qui vient de nous occuper. Nous voulons parler de la proposition d’établir, au sein même des villes, ces chemins de fer dont les avantages ne se sont fait bien sentir encore que pour les transports à d’assez grandes distances.

Les chemins de fer urbains n’existent guère, et encore seulement dans des quartiers extérieurs, que dans quelques villes de l’Amérique, telles que Philadelphie et New-York, en Amérique, Manchester en Angleterre, Gênes en Italie, Nantes en France, etc. Cependant ce système a été l’objet d’un assez grand nombre d’études. Nous allons présenter un abrégé des projets qui ont été mis en avant sur cette question.

On a proposé successivement de faire pénétrer les chemins de fer dans l’intérieur des villes : 1o par des souterrains creusés à une profondeur plus ou moins grande ; 2o par des rails simplement placés à niveau du sol ; 3o par des arcades élevées à une certaine hauteur au-dessus de la voie publique.

Chacun de ces trois systèmes présente des avantages et des inconvénients que nous allons sommairement indiquer.

Chemins souterrains. — L’établissement des chemins de fer dans des tunnels creusés sous la voie publique, n’apporterait aucun trouble à la circulation qui s’opère dans les villes. Il n’exigerait aucune acquisition de terrains. Enfin, on pourrait mettre facilement la voie ferrée en communication avec les caves des maisons, transformées en magasins de dépôts de marchandises. Mais l’établissement de chemins de fer souterrains, rencontre une insurmontable difficulté dans l’existence, au-dessous du sol des grandes villes, des diverses conduites pour l’eau et le gaz, et surtout dans la présence des égouts.

C’est devant cet obstacle que se sont arrêtés les auteurs d’un projet conçu, il y a une dizaine d’années, de chemins de fer souterrains, à établir dans Paris. Dans un travail dû à M. Lacordaire, ingénieur des Ponts et Chaussées, et qui avait été entrepris sous les auspices de M. Le Hir, on avait songé, pour créer une voie ferrée sous les rues de Paris, à détourner les égouts actuels. Ce projet se trouva paralysé par le refus, de la part de l’autorité municipale, de laisser établir aucune galerie souterraine, soit au niveau, soit au-dessus des égouts actuels. Comme les plans de la ville, quant aux égouts futurs, étaient encore incertains, il leur fut même déclaré qu’aucune autorisation ne pourrait être donnée, si les galeries du chemin de fer ne descendaient à une profondeur assez grande pour ne contrarier ni les égouts présents ni les égouts futurs.

Cette déclaration de l’autorité municipale parut, pendant assez longtemps, devoir couper court à tout projet de ce genre. Cependant, à la suite d’une nouvelle étude de la question, due à M. Mondot de La Gorce, ancien ingénieur du département, on reconnut non-seulement la possibilité d’établir une voie ferrée à une grande profondeur sous le sol, c’est-à-dire au-dessous du niveau des égouts.

L’abaissement du niveau des galeries de la voie ferrée présentait l’avantage, sur les points de Paris où le sous-sol est inondé, d’arriver à la couche d’argile, au lieu d’avoir à creuser dans le sable mouvant. En se bornant à une seule voie dans toute la partie du réseau où la circulation ne serait pas extraordinairement active, en réduisant les galeries à la largeur strictement nécessaire, et en substituant le forage en tunnel au creusage à ciel ouvert, les auteurs de ce projet trouvaient, dans la condition même qu’on leur imposait, les moyens de faciliter l’exécution de leur entreprise.

Le premier projet fut donc remanié pour