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M. Girard a imaginé récemment de faire porter les wagons sur des patins reposant sur le rail par deux surfaces cannelées sous lesquelles on introduit de l’eau, destinée à réduire considérablement le frottement.

Ce système paraît dépourvu de valeur pratique. La quantité d’eau nécessaire pour alimenter les conduites, constituerait un sérieux obstacle, car dans les temps de sécheresse, ou pendant les hivers très-rigoureux, on serait souvent forcé de suspendre le service de la voie hydraulique. Les passages au niveau des routes, les services de gares, etc. seraient impraticables.

L’idée de M. Girard de réduire la résistance de frottement par l’interposition de l’eau est fort peu applicable à la locomotion ; mais peut-être rendrait-elle des services dans la construction des turbines, paliers glissants, volants, hélices de bateau à vapeur, etc., où ce moyen servirait à diminuer le frottement par les axes.


Le dernier système dont nous nous occuperons, est le système atmosphérique, dans lequel la locomotive est supprimée. La traction s’opère à l’aide de machines aspirantes qui font le vide dans un tube de fonte couché entre les rails, au milieu de la voie, et dans lequel se meut le piston voyageur.

Ce système fut adopté, en 1847, par la compagnie du chemin de fer de l’Ouest, pour faire franchir aux convois, l’énorme rampe qui s’étend du bois du Vésinet à la ville de Saint-Germain.

Mais l’adoption faite, à titre d’essai, en 1847, du système atmosphérique, par la Compagnie de l’Ouest, avait été précédée de plusieurs tentatives, suivies en Angleterre, avec beaucoup d’attention, pour perfectionner ce système. Il ne sera pas sans intérêt, de présenter à nos lecteurs le récit détaillé des premières expériences du système atmosphérique, en remontant à son origine.



CHAPITRE XIII

le chemin de fer atmosphérique. — origine de sa découverte. — emploi du vide pour le transport des lettres. — système de m. medhurst. — m. vallance. — travaux de mm. clegg et samuda. — établissement du chemin de fer atmosphérique de kingstown en irlande. — chemin de fer atmosphérique de paris à saint-germain. — son insuccès. — le nouveau chemin de fer pneumatique de londres à sydenham.

Nous n’apprendrons rien à nos lecteurs en disant que la première idée de la locomotion atmosphérique appartient à Denis Papin. La machine à double pompe pneumatique, proposée par l’illustre physicien en 1687, renferme l’idée, déjà réalisée en partie, de l’emploi de la pression atmosphérique comme agent moteur[1].

Cent vingt ans après, en 1810, un ingénieur danois, M. Medhurst, fit revivre cette idée, alors presque oubliée. Dans une brochure intitulée : Nouvelle méthode pour transporter des effets et des lettres par l’air, suivie, en 1812, d’un nouvel opuscule : Quelques calculs et remarques tendant à prouver la possibilité de la nouvelle méthode, etc., cet ingénieur proposa d’utiliser la pression de l’air pour le transport des lettres et des marchandises.

M. Medhurst parlait de construire une sorte de canal, muni d’une paire de rails de fer, sur lesquels on placerait un petit chariot, portant les lettres et les paquets. Une machine pneumatique installée à l’extrémité de ce canal, devait faire le vide dans cet espace. Un piston jouant librement à l’intérieur et dans toute l’étendue de ce tube, pressé par le poids de l’atmosphère extérieure, aurait été entraîné dans l’intérieur du canal, en poussant le chariot devant lui.

Cependant l’ingénieur danois ne put réussir à attirer sur ses idées l’attention du public. Ses brochures restèrent chez le libraire, et ses modèles n’eurent pas un visiteur.

Bien que le système de M. Medhurst fût

  1. Voir la notice sur la Machine à vapeur, p. 48.