Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 1.djvu/373

Cette page a été validée par deux contributeurs.

évidemment le plus sûr de tous nos moyens de transport. Il est, dans tous les pays, l’objet de l’étude d’ingénieurs éminents, qui s’appliquent sans cesse à l’améliorer. Chacun de nous est donc intéressé à voir disparaître les derniers préjugés que la routine ou l’ignorance opposent à ses progrès.



CHAPITRE XII

inconvénients des chemins de fer. — systèmes nouveaux proposés pour remplacer les chemins de fer actuels. — le système jouffroy. — le système du rail central. — chemin d’essai du rail central établi sur les pentes du mont cenis. — le matériel articulé de m. arnoux. — le système de l’air comprimé, de m. pecqueur. — le système éolique de m. andraud. — le système hydraulique de m. girard.

Si l’on considère que nos chemins de fer n’existent encore que depuis un assez petit nombre d’années, il est permis de dire que cette invention n’en est encore qu’à ses débuts, et que l’avenir lui réserve peut-être des transformations importantes. Les tentatives que l’on fait pour améliorer ce mode de transport méritent donc de fixer notre attention.

Essayons de faire ressortir les inconvénients qui s’attachent encore, malgré tous leurs mérites, aux chemins de fer actuels.

Deux éléments sont à considérer ici : les rails et la locomotive, la voie ferrée et l’instrument de traction.

De ces deux éléments, l’un, le rail, paraît avoir atteint son terme de perfection, l’autre, la locomotive, est susceptible de modifications importantes.

L’emploi de bandes métalliques destinées à annuler les effets du frottement des roues, représente à nos yeux, le côté parfait de ce mode de locomotion. Ces humbles barres de fer couchées sur la poudre des chemins, constituent le plus avantageux et le plus utile des éléments de ce système. Quant à la machine destinée à traîner les convois sur ces voies artificielles, elle est susceptible de plusieurs reproches.

On peut classer sous deux titres, les inconvénients qui découlent de l’emploi des locomotives : 1o défaut de sécurité ; 2o cherté excessive dans le tracé du chemin et le service journalier de la voie.

Quelle que soit l’efficacité des moyens de surveillance établis sur les chemins de fer, quelle que soit la perfection actuellement apportée à la construction des locomotives, l’emploi de ces machines expose à diverses chances d’accidents, que l’on ne peut prévenir que dans de certaines limites. Quand on voit, sur un viaduc très-élevé, une série de wagons remplis de voyageurs, voler, avec la rapidité d’une flèche, sur des rails polis comme la glace, on ne peut se défendre d’un sentiment de terreur, en songeant aux catastrophes que peut provoquer le plus faible obstacle rencontré sur la voie. Des événements terribles ont assez démontré que tous les moyens mis en usage ne suffisent pas toujours pour écarter ces dangers. L’expérience a tristement établi, qu’il n’est point de surveillance capable d’empêcher, dans tous les cas, la rencontre et le choc de deux convois marchant en sens opposé. L’attention des employés d’une ligne peut être distraite ou relâchée un moment, jusqu’à laisser s’engloutir dans le Rhône un convoi de marchandises, et quelques jours après, un convoi de voyageurs dérailler à quelques pas du même abîme. Il est d’autres catastrophes qu’il n’appartient à aucune puissance humaine de prévoir, et, par conséquent, d’empêcher. On ne le sait que trop, des centaines de voyageurs peuvent se précipiter, par suite d’un déraillement, dans les marais de Fampoux. Rien ne peut prévenir encore la rupture de l’essieu d’une locomotive, accident dont l’événement du chemin de fer de Versailles offrit un exemple si déplorable.

Le défaut de sécurité inhérent à l’emploi des locomotives, frappe suffisamment l’esprit.