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encore à prévenir les explosions pendant la marche. Nos lecteurs savent maintenant que le tirage s’obtient par la vapeur même, qui, sortant des cylindres, est projetée dans la cheminée. La brusque condensation de la vapeur dans cet espace, détermine un appel vigoureux de l’air du foyer, et par conséquent, un tirage énergique. Le tirage étant ainsi d’autant plus actif qu’il y a plus de vapeur consommée, l’explosion de la chaudière est peu à redouter, puisque la production et la consommation de la vapeur sont toujours proportionnelles entre elles.

Les accidents qui tiennent à la violation, faite par les employés, des règlements qui fixent la marche des trains, sont les plus graves, puisque des collisions entre deux convois peuvent en être la conséquence.

Les collisions peuvent avoir lieu entre deux trains marchant en sens contraire, ou bien entre deux trains dirigés dans le même sens, l’un des trains courant plus vite que l’autre. Il peut enfin, arriver une collision entre un train et des objets immobiles placés sur la voie, tels que des obstacles disposés sur les rails dans un but criminel, une voiture arrêtée sur un passage à niveau, ou des wagons stationnant sur la voie, au moment où un train arrive à toute vapeur.

Les collisions entre deux trains marchant en sens contraire, sont les plus terribles. Une bonne organisation du service, une surveillance assidue, un système certain de signaux, et surtout l’usage constant du télégraphe électrique, sont les seuls moyens de prévenir ces rencontres fatales, qui ont pour conséquence les plus graves malheurs.

Les collisions entre deux trains marchant dans la même direction, sont moins dangereuses que celles entre deux trains qui courent l’un sur l’autre, en sens contraire : le choc est beaucoup moins redoutable. Les seuls moyens de les éviter ne consistent encore, que dans une bonne organisation du service, et l’usage continuel du télégraphe électrique.

Après ceux qui résultent des collisions, les accidents provenant des déraillements, sont les plus sérieux. Ils sont occasionnés par la construction défectueuse de la voie, ou le mauvais état du matériel. Ici encore, le soin minutieux apporté par les directeurs de l’exploitation, pour maintenir le matériel et la voie en état parfait, sont les seuls moyens de prévenir les accidents.

Nous dirons seulement quelques mots des accidents inévitables qui peuvent résulter de l’imprudence des voyageurs ou des employés.

À l’époque où les transports par les chemins de fer n’étaient pas entrés dans les habitudes des populations, il se produisait fréquemment des accidents, qui tenaient à l’inexpérience des voyageurs ou des personnes étrangères au chemin de fer. On ne saurait, sans injustice, en faire un reproche à ce système de transport. Quelles mesures préventives pourrait-on, en effet, imaginer, pour les appliquer aux individus qui traversent la voie dans un moment inopportun, — qui s’engagent imprudemment sous un tunnel, — qui s’endorment sur les rails, — qui, sautant d’une voiture à l’autre, sont écrasés par le train, — ou qui, enfin, laissent tomber de lourds objets sur la voie, comme il arriva sur un chemin de fer anglais, près de Hall, où un gros outil de fer, échappé d’un wagon, tomba sur les rails, et occasionna à tout le convoi un déraillement qui coûta la vie à cinq personnes ? Comment s’opposer à l’imprudence des individus qui se lèvent, sur l’impériale, juste au moment de l’entrée sous une voûte ; — qui mettent la tête à la portière, en passant sous un pont ; — qui étendent les bras hors de la voiture en entrant dans les gares ? Comment garantir les ouvriers qui se blessent dans l’arrangement des trains, — ceux qui tombent dans les fossés, ou qui sont frappés par le tampon d’une voiture ?

L’imprudence ou la simple négligence des employés, peut devenir la cause d’accidents